Plonévez-Gourin

Les abeilles

Je vous l‘ai déjà dit, mais il est parfois nécessaire de se répéter. On ne gagne pas. Les moins grincheux marmonnent « les matchs nuls ! »,les plus courroucés vocifèrent « les défaites ! ». Tout cela altère l’humeur du supporter. Il s’agace. Il cafarde. Il chagrine. Il lymphatise. Il neurasthénise. Il léthargise. Au début, il est angélique dans la patience, exemplaire dans l’indulgence, persévérant dans la placidité. Au troisième match le supporter médit. Il dénigre, il calomnie, il accuse. J’irais même jusqu’à dire qu’il débine. Au sixième match, il coachise, il conclue, il tranche, il solutionne : il faut changer, rénover, réformer, révolutionner, transformer. Mais quoi ? on a tout essayé …

On change les joueurs (normal, vu l’émigration de l’intersaison), on permute les postes (le libéro en 14 ou l’arrière en avant-centre…si si…), on remplace les filets de but (en blanc, on voit mieux les buts, quand il y en a ….), on amende la pelouse (tondue, griffée, roulée, aérée, bref municipalisée….), on module les maillots (on a pris des noirs, des blancs et même ceux de l’adversaire comme à Briec …), on change les crampons (des moulés mon gars …), on modifie les horaires (15 h 30 puis 15 h, avec en plus l’horaire d’hiver, histoire de déstabiliser..), on arrange les conditions atmosphériques (grand soleil à Plounévezel, bourrasque à Briec…), on fluctue sur le prix des billets d’entrée (4 euro chez nous et 5 à Briec ….si si). Mais que dalle, que nibe. Pas de victoire.

En parodiant Audiard, je dirais que « la victoire c’est comme la Sainte Vierge, si tu la vois pas de temps en temps, tu doutes ». Alors faut pas être frileux, faut basculer dans le visionnaire, faut s’engager dans le téméraire, bref, imaginer la construction du métro de la Cordillère des Andes, négocier la vente de chasse-neiges à Tamanrasset, ouratifier l’édification d’un Hyper Leclerc sur l’île de Sein. Du concret quoi ! Et on a trouvé. Les chaussettes ! Faut changer les chaussettes. Mélenn ou Du ? Et bien, on mixte. A rayures, elles seront les chaussettes. Jaunes et noires, les rayures. Et hop :

Désormais facile de les reconnaître : le Gourinois en jaune, l’arbitre en noir et le Plonévézien en jaune et noir, rayures s’il vous plait….. La classe !

Les anciens ne sont pas très chauds : « On va ressembler à des abeilles. On va se foutre de nous. On va nous demander de faire Bzzzzz Bzzzzz en remuant les bras, comme pour faire les ailes » !

On renâcle, on maugrée, on ronchonne, on conteste ?Vous vous trompez les gars, l’abeille est un animal noble et vénérable. Rien à voir avec le pou, le bousier ou le morpion.

Quoi Maya l’abeille ? Mais plus personne ne connaît cela. On se rappelle de Pollux, de Nicolas et Pimprenelle, d’Ulysse 31 ou de l’inspecteur Gadget, mais pas de Maya l’abeille. Je rappellerai simplement aux contestataires, messieurs Mat et Gégé, que l’histoire de Maya l'Abeille, die biene Maja und ihre abenteuer, a été écrite par l’allemand Waldemar Bonsels en 1912! Alors vous n’allez pas me soutenir que c’est plus connu que la Joconde ou le Château de Windsor !

Et puis c’est le choc psychologique par excellence. Certains virent l’entraîneur, d’autres recrutent dans l‘urgence, il y a des présidents qui démissionnent, il y a des publics qui boudent le stade, il y a des sponsors qui stoppent les fonds, nous c’est les chaussettes ! Voilà. Le choc psychologique !

Et cela a marché. Certes, j’ai douté. Antho et la transversale, Kévin et son plat du pied et les autres. Les occasions de but, je ne les compte pas. Ce n’est plus du gaspillage, ça frise la gabegie, le gâchis. Soixante quatorze minutes d‘angoisse, d‘espérance, de déception, d‘attente, de découragement et …la délivrance, le soulagement, but de Martin puis but de Romain ! Alors là, c’est le bonheur, l’extase, la volupté ! On a gagné. P…..de chaussettes !!!!!!!!!!!!!!

A la fin du match, fort de ce bon résultat, le président négociait avec DIM l’achat de boxer-strings pour le prochain match …avec des rayures. Deuxième choc psychologique ! Il est fort not’ président!

Et pis on est rentré.

AN

PS : on salue notre nouveau partenaire.