Plonévez-Plounévézel

J’ai fait ma « B A »

La «A» se sauve, se garde, se sauvegarde. La «B» surmonte, monte, remonte.

Dernier match. A domicile. Avec le soleil. L’équipe «A» doit authentifier son maintien en D1. Doit effacer l’affront du match aller. Doit redorer son blason. Doit gagner chez nous. Doit marquer des buts. Doit se savourer comme un bon plat : attirant, appétissant, alléchant. Doit finir la saison sur une note parfumée, sucrée. Comme un digestif après un bon repas. Bon, heureusement il y avait la traditionnelle assiette de charcuterie-macédoine. Au moins celle-là avait du goût. Pas la peine de le crier sur les toits …...

Toits. Toi. Thois. Saint Thois….

Ben voila l’idée. Pour voir les attaquants marquer des buts et des défenseurs ne pas encaisser de buts, je suis allé àSaint-Thois. Saint-Thois, petite commune voisine de Châteauneuf, où la «B» inaugurait son statut de promu. Match à 19 heures. Gratuit. Pas de buvette. Pas d’annonce au micro. Peu de spectateurs. Pas de staff. Un autre monde.

Un peu étonné de la présence du talentueux photographe, le gars hésite à affronter la lumière des flashs, peu habitué aux lumières de la gloire.

Et bien j’ai vu cet amalgame des jeunes, des moins jeunes, des entre-deux-âges, des seniors, et des vétérans. Un assortiment, un éventail, un échantillonnage, une palette que dis-je ..... un arc en ciel.

Et bien je ne suis pas ennuyé. Bravo les Gars. J’aurais dû venir vous voir plus souvent. En plus, le gars, il m’a reconnu, il me fait un petit salut. C’est pas grand-chose mais cela fait plaisir au petit supporter que je suis. Mais lui, il est un peu cabot ….. Hein ? il réclame la touche ? Autant pour moi.

Oui je suis le supporter type.

Supporter. Définition : partisan d’une équipe qu’il encourage exclusivement. Certes, mais aussi endurer le pénible, souffrir avec patience, tolérer la présence, soutenir par-dessous, résister à l’épreuve de …. Car le supporter vit une vie dangereuse, ardente, volcanique, faite de larmes et de sueur, digne des grands aventuriers des temps modernes comme Spiderman, Dark Vador, ou l’Archi duc d’Autriche.

Il ne fait pas partie du Staff, prestigieux organigramme, assurément.

Il va au match dans sa petite auto, modestement.

Il paie sa place, humblement.

Il n’a pas le badge et doit rester derrière la barrière, respectueusement.

Il n’a pas l’imper noir officiel des dirigeants et se gèle les miches, flegmatiquement.

Il ne serre pas la main de l’arbitre au début du match, évidemment.

Il vit le match, ardemment.

Il fustige les fautes de l’adversaire, exclusivement.

Il réclame le péno pour ses couleurs, fanatiquement.

Il encourage ses joueurs, passionnément.

Il célèbre la victoire, chaleureusement.

Il subit la défaite, lugubrement.

Il boit sa petite Coreff de fin de match, prestement.

Il rentre chez lui par les petits chemins, prudemment.

Il voit son épouse qui l’attend à la porte de sa petite maison, sombrement.

Il l’entend qui lui demande « alors ? », méchamment.

Il soupire « perdu … », tristement.

Il admet quand elle ajoute « comme d’habitude », perfidement.

Il se résigne quand elle rajoute « tu sens la bière, pas d’apéro ce soir », fielleusement.

Il se réfugie devant sa télé, docilement.

Il prend ses livres de chevet « La vie de Landru » et « Crime et Châtiment », fébrilement.

Il y cherche des idées, insidieusement.

Il sent qu’un grand drame se prépare dans la petite maison du petit supporter, intuitivement.

Il pense « oui, mais la « B » a gagné », heureusement.

Il sait que cela a repoussé l’échéance sanglante, miraculeusement.

Il se dit que la prochaine saison devra être plus riche en victoires, impérativement.

Et pis on est rentré.

AN