Spézet-Plonévez

Les papillons bleus passent à l’orange…

Après la coupe, place au championnat avec Spézet

Spézet, le premier au classement, le leader du groupe, le club ambitieux qui a de l’ambition.

Ils ont mis les moyens, faut pas être médisant, faut reconnaitre leurs efforts, faut être objectif. Ils ont d’abord abattu les arbres autour du terrain. Des cyprès si près que l’herbe ne poussait plus. L’humidité gagnait, le paludisme couvait, la dysenterie guettait. Cette modification de l’écosystème local a favorisé la prolifération de l’œuf bleu dit « Speied Œuf » qui, on le sait, se métamorphose en chenille bleue dite « Speied Chenille », laquelle se transforme en chrysalide bleutée dite « Speied Chrysalide », laquelle est à l’origine du Papillon Bleu, dit « PBS », dans sa forme adulte, bleu et blanc. Merveilleuse histoire. Authentique récit. Ravissant fabliau. Pour charmer les supporters, enjôler les bénévoles, enchanter les sponsors, et émerveiller les élus, en leur narrant ce conte du petit Papillon Bleu Spézetois, le club s’est équipé d’une sono cristalline. Un son limpide, propre, virginal, audible quoi, qui t’accueille à ton arrivée au stade. « Amis spectateuuuuurs, bonjoooour ! Aujourd’hui les Papillons Bleus reçoivent …. »

Ce n’est pas comme chez nous, mais Spézet c’est un club ambitieuxqui a de l’ambition.

Chez nous on a ça :

Bon on est en présence de la représentation typique de l’esthétisme acoustico-auditif figuratif Plonévézien, intégrant dans une harmonie suave le pied, l’enceinte et le témoignage authentique de la vie contemporaine, le sac-plastique, dit encore sac-poubelle, chef d’œuvre emblématique de l’art de Grande Surface et du tri sélectif, de couleur noire ou jaune, couleurs des Gars.

Cet organe sonore, habillé du noir « plume de corbeau », couleur austère, mélancolique, quasi mystique, est paré d’oreilles, rappel subtil à la fonction « audio », et est supporté par un pied, évocation audacieuse du flamand rose du Tanganyika pendant sa période de repos. L’objet avant-gardiste siège, réalité artistique insolente, devant la loge Troïkale, entre les WC et les vestiaires. J’aurais, quant à moi, optimisé l’objet. Fashionisé, customisé, fashion-weeké, up-to-daté, donné de la couleur, du relief, de la vie quoi !

On aurait pu voir notre sono comme la représentation électro-acoustique de la Joconde du grand Léonard De Vinci (qui n’est pas un joueur de la Juve),

ou d’un dessin de street-art façon Andy Warhol (qui n’est pas un joueur d’Arsenal),

ou de la représentation graphique d’un ballon payé par Vémell (qui est un ancien joueur de Gars). "Je suis fidèle ... à mon ballon VéMell!"

Cela ne fait pas oublier, sa fonction essentielle et primitive : transmettre la voix du présentateur-speaker-commentateur, triple fonction attribuée de droit au chef de la Troïka. Le chef, source acoustico-officielle des Gars, à la verve souvent raide, au débit volubile, parle dans un microphone, comme Johnny, qui permet de convertir les ondes acoustiques en signaux électriques, lesquels sont transformés en signaux acoustiques par l’enceinte. C’est pas con comme système. Le problème est que les membres de la Troïka sont des grippe-sous, des rapiats, des pingres et que le budget alloué à l’acoustique du stade, aurait autorisé, à la rigueur, l’acquisition d’un Teppaz d’occase, mais pas des deux éléments essentiels qui auraient permis la compréhension des paroles du chef : la table de mixage et l’amplificateur….

D’où ce son, ce bruit devrais-je dire, qui transforme la lecture de la composition des équipes, ou une annonce banale en un nasillementabrutissant catacombesque incompréhensible. A la moindre annonce, c’est l’apocalypse. Les faucons deviennent fous et les fous de Bassan deviennent cons. Les hiboux s’enrouent. Les aras toussent gras. Les geais geignent. Les serins se rendent. Les grives se figent. Les verdiers verdissent. Les cygnes se signent. Les mouettes fouettent. Les canaris rient. Les colibris aussi. Les éperviers perdent pied. Les étourneaux ont le tournis. Les bernaches se cachent. Les mésanges se mélangent. Les perruches trébuchent. Les hirondelles chancellent. Les albatros explosent. Les manchots sont KO. Les perdrix s’enfuient. Les pétrels se font la belle. Les canards se barrent. Les choucas se cassent. Les rouges-gorges s’égorgent. Les bécasses trépassent. Les colombes succombent. Les rossignols s’immolent. Les palombes se plombent. Seuls les corbeaux, ces fayots, semblent séduits par ce croassement rauque, ou la couleur du sac-poubelle, ou sont sourdingues.

A Spézet, c’est un autre registre. Question sono, c’est la Chapelle Sixtine et nous la salle de patronage. Impressionnant. Et pour nous mettre encore plus de pression, il est apparu …. en grand tenue d’apparat…. insensible aux rafales de vent …. étranger à l’émotion du moment…. au complet…. le bureau directorial des papillons bleus Spézetois. Majestueux. Imposant. Grave. Solennel. Ah, ils sont meilleurs que nous. C’est normal, c’estun club ambitieux qui a de l’ambition.

Eux, ils ont un septumvirat. Une Septoïka à la place de la Troïka. C’est un ton au dessus. Professionnel. Napoléonien. C’est cela l’ambition. Ah, ils ont de l’allure, de la prestance, de la noblesse et puis du nombre surtout …..sept… j’ai compté. Faut les deux mains.

Notre Troïka à nous avait fait le déplacement. Les frais de route, le prix du ticket d’entrée et les boissons consommées sur place faisant l’objet d’une avance sur frais, allouée aux seuls membres de la Troïka, par amendement spécial aux statuts des Gars voté à l’unanimité par les seuls membres de la Troïka. Revêtus de la légendaire noire pèlerine, attribuée aux seuls membres de la Troïka, par amendement spécial aux statuts des Gars, voté à l’unanimité par les seuls membres de la Troïka, ils siègent face à la Septoïka Spézetoise. De l’autre côté. En face. Devant. Même pas peur.

Le chef, tête nue, croise les bras, geste qui chez lui n’est pas commun. Agacement ? Ennui ? Impatience ? Mécontentement ? Les observateurs du monde footballistique se perdent en conjectures. Gardons nous d’une interprétation trop hâtive. Le second, tête nue également, est dans sa position classique, corps tourné vers la gauche (vers le soleil couchant ?), tête plus droite vers le terrain, et si l’on se penche un peu,on remarque la moue dubitative. En harmonie avec les bras croisés du chef ou désir de se démarquer ? Volonté d’exprimer une opinion personnelle ou allégeance au chef ? Gardons nous d’une interprétation trop hâtive. Le troisième, le plus petit, est nouveau. Il semble avoir évincé le fourbe à casquette. Il a pris sa place, la numéro 3, avec semble-t-il l’adoubement des deux titulaires. Mais gardons nous d’une interprétation trop hâtive. Il s’efface derrière l’auguste capuche et la sainte sous mentonnière. Sa présence au cénacle se doit d’être humble puisque récente et donc fragile.

Rivalités de clans. Luttes intestines. Combats fratricides. Batailles d’individualités. Querelles d’ego. Oppositions de style. Guerres de tranchées. Massacres à la tronçonneuse. Pendaisons au croc de boucher. Lettres anonymes. Bonbons au poivre. Coussin péteur. Tous les coups sont permis. Coup d’état, putsch, pronunciamiento, insurrection, révolte, mutinerie, et rébellion constituent le quotidien de la Troïka, de ceux qui en sont, de ceux qui n’en sont pas, de ceux qui n’en sont plus, de ceux qui voudraient en être, de ceux qui ……. On se bouscule au portillon du pouvoir.

Mais l’image doit être maintenue.

Il y a la Troïka.

Ils doivent être trois.

Ils sont trois.

Trois figures mythologiques du foot Plonévézien.

Trois étoiles de légende du foot Plonévézien.

Trois statues prestigieuses du foot Plonévézien.

Ils sont là. Fiers. Droits. Altiers.

Et font face à l’hydre Spézetoise, image ambitieuse du club ambitieux qui a de l’ambition.

Et ce pénalty…………………..........

Et pis on est rentré.

AN