Camaret-Plonévez oct 2015

Camaret : Mortelle randonnée

Bon, on a hésité, on voulait voir la « B », mais finalement, on s’est décidé, on est allé à Camaret.

C’est, comme disait Céline, « Le voyage au bout de la nuit ». Une heure de route pour aller, pareil pour revenir, un petit vent frisquet, un soleil traitre d’automne, des supporters Plonévéziens absents, et au final une raclée maison, un 4 – 0 sec. C'est du brutal, du barbare, du bestial. Y a pas de mots assez fort. Y en a pas.

Oui, j’aurais pu dire « Voyage au bout de l’enfer » ou « Une journée particulière » (pour les cinéphiles avertis…et j’en connais). Remarque, on les a bien eus, parce que nous les Plonévéziens, on ne leur a pas laissé beaucoup de sous : une entrée payante, et pas de consommation à la mi-temps, rien que pour les emm… .Heu, en fait, à la mi-temps, j’avais pas soif, et à la fin du match, j’étais pressé de décarrer. 4-0 ça donne pas envie de musarder….. Tu rases les murs et tu te casses, silencieux, bileux, cafardeux.

Naufrage en Presqu’ile. On a évoqué une météo défavorable, une galerie scélérate, un arbitrage de pirate, une erreur humaine. Tout est possible dans un match. Mais là, je sais. J’ai débusqué la cause. Oui, parce que j’ai bien analysé le match. Je suis un peu le Docteur Sigmund Freud du foot local. J’analyse, je raisonne, je déduis (à lunettes), et je conclus : ce qu’il nous a manqué, c’est du physique. Des kilogrammes et des centimètres. Les deux. Et des années d’expérience. Comme disait Audiard « quand les types de 1m90 disent certaines choses, ceux d’1m70 écoutent, y a des statistiques là-dessus ». Et là, je parle juste question présentation, taille, ampleur, gabarit, volume, calibre, format, parce que si je voulais me lancer dans la psychanalyse, j’ajouterais qu’on est dans le juvénile, l’inexpérience.

Si t’as compris tout ça, t’as tout compris. On est bon. On pratique un football léché, subtil. Un football de qualité supérieure, millésimé, estampillé. Du velours. Mais on manque de physique. La cuisse est un peu fluette, le mollet gracile et la fesse maigrichonne. Faut donner de l’épaisseur, de l’ampleur, de la rondeur.

Bon, il y a le classique : l’entrainement, l’alimentation, la musculation, les séjours en altitude, les bains de glace. On connait les recettes. Ça marche, mais c’est long.

Au pire, parce que 4-0 quand même, au pire du pire, on pourrait imaginer une solution qui a fait ses preuves. Avant. C’était du sérieux, du solide, du béton dont on fait les murs, du fer dont on fait les rideaux. Un exemple, tu connais la camarade Jarmila Kratochvilova ? Non ? Attend j'explique. Écoute. Fait un effort. La camarade Jarmila Kratochvilova détient le record du monde du 800 m depuis …… 1982 … 33 ans de record ! Tu la connais pas ? Ferme les yeux et imagine une sportive de l’ex Tchécoslovaquie. Une poupée à la musculature plus saillante que celle du champion du monde de body-building toutes catégories, à la voix plus grave que celle d’un chanteur allemand de métal en fin de concert, à la poitrine plus plate que la plaine de la Beauce après la moisson, mais au short plus bombé que les joues du trompettiste de jazz Miles Davis jouant Ascenseur pour l’échafaud (pour les mêmes cinéphiles ….). Stupéfiant. Hallucinant. Et record invaincu depuis 33 ans. Aucune athlète n’a couru plus vite qu’elle sur 800 m depuis 33 ans. C’est l’entrainement qu’ils disent. D’accord, je concède, mais il y a aussi des potions pour courir vite. Des tisanes qu’ils disent. Des infusions à base de plantes médicinales, mélange camomille et gingembre, toniques et revitalisantes. Les eaux pétillantes qui chantent et qui dansent. Pschitt citron pour toi mon garçon, Pschitt orange pour toi mon ange.

Quoi tu veux pas essayer. Bien sur que c’était plutôt des cocktails bizarres, du genre Molotov, explosif, mais ils ont fait leurs preuves. 4-0 quand même, c’est pas rien. Faut réagir. On n’a plus le temps. Quoi, pas de cela chez nous, même en cas de défaite. Tais toi, tais toi. Il a fait comment Lance Armstrong pour gagner 8 ou 10 Tours de France! Et le Ben Johnson sur 100 m, la médaille d’or, le podium, les discours et le collier de fleurs. Bon, ça n’a pas duré, mais sur le coup…... Comme dit l’entraineur « faut pas paniquer, faut y croire, ça va venir ! ». Faut reconnaitre, y a eu de bons moments à Camaret.

Tiens, ce but de la tête de Frankie à la dernière minute de jeu pour arracher la match nul 1 - 1. J’y étais. Frankie le grand, et adroit de la tête. Remarque qu’il y avait du beau monde autour de Frankie. Ils y ont cru jusqu’au bout.

Et but !

Oui mais ça, c'était avant. Remarque que, même plus grands, ils n’ont pas marqué de la tête. Pourtant, des fois, c’est pas passé loin.

Mais 4-0 quand même, c’est du lourd, du sévère. Faut trouver la parade. J’ai une méthode, mais monsieur fait la vierge effarouchée. Et elle fait comment la poule faisane à l’ouverture de la chasse, si elle a pas des pattes musclées ? Eh ben elle n’a même pas le temps de prendre son envol qu’elle prend une volée de pt’its plombs dans le cul. Eh ben nous pareil, en plein vol, juste avant la mi-temps, le coup de semonce, un pt'it plomb, juste après l’occase……

4 – 0 quand même, et une heure de route pour ruminer cela, c’est long…………Accrochage, dérapage, dévissage ou naufrage, tu peux appeler ça comme tu veux, moi, j’peux plus !

La « B » s’est accrochée pour saisir un nul. Menée de deux buts, avec un coup de coaching-poker, impair et passe, on perd et ça passe. La « A » a mis un but à Langolen et a gagné, la « B » trois et a fait un nul………Va comprendre.

Et pis on est rentré.

AN