Châteauneuf-Plonévez déc 2015

Match des Faou …

Dimanche, on joue un match reporté pour cause de pelouse impraticable début du mois ……. J’ai prévu les sels. J’ai mangé léger. J’ai fait une petite sieste. J’ai pris un peu de calmant, 5 gouttes de Footcalm et un suppositoire de Footrelax. J’ai, comme qui dirait, des vapeurs sibyllines, une fébrilité indéfinissable, un émoi troublant.

Et voila le stade de Châteauneuf. L’antre de Kastell Névez Ar Faou. Le sanctuaire des Rouge et noir. Le réceptacle des korrigans du Pont-du-Roy.

P..... le temps passe. Tiens, voila-t-y pas que les souvenirs me montent au front plus vite que les taxis de la Marne.

Une montée en PH avec une victoire 4 – 3 contre Châteauneuf, avec un premier but de Riou (le père…). Olive sur la pizza, pardon, cerise sur le gâteau, j’ai la photo.

Une victoire des U machin, en coupe Machin, en 2008, je crois.

Et puis c’est l’aventure en Ligue. On se sépare. 10 années en PH te font penser à autre chose. Tu voyages. Gourlizon. Le Relecq-Kerhuon. Fouesnant. Dirinon. Bohars. Plouhinec. Trégunc. Tu goûtes aux saveurs exotiques, aux parfums inconnus, aux flaveurs ignorées. Le goût du sel et du goémon. La couleur du ciment des HLM de banlieue. Le grondement de la houle. Le cri des mouettes et des cormorans. Le bruit des autos sur le périph’ Quimpérois. Le sifflement du vent dans les haubans du pont de l’Iroise. L'apparition de Stéphane Guivarch au stade Yves-Bégoc. Tu oublies. L’amnésie, mon cher docteur. Loin des yeux, loin du cœur.

Et le retour en D1 et le derby. Enfin. C’est comme un repas que tu as idéalisé. Tu fais durer l'apéro, tu manges trop de pain et au dessert, tu peux plus. Alors, évidemment on s'énerve, et on se chicorne. D’ailleurs les convives sont partis avant la fin.
Un match où Grand Louis nous plante un but à la Grand Louis. Victoire 3 – 0 avec un seul but marqué sur le terrain, celui de Grand Louis…………. Je te fais pas un dessin.

Et pis, plus envie. Ou tricard. La faute à un malheureux titre. Une vanne excessive sans doute. Du coup la diplomatie a laissé la place aux gros mots. Ça a défouraillé sec. Un étripage en règle. Bilatéral, faut être objectif. Et pis le temps a passé.

Et pis je ne sais pas où ils sont passés. L’année dernière plus de derby Châteauneuf-Plonévez dis-donc. Disparus les Châteauneuviens. Partis. Envolés. Volatilisés. Évaporés. Une estouffade de haut calibre. Dommage, j’aurais été voir le match contre notre « B ». Ben, j’ai poussé plus loin et je suis allé à Saint Thois, un samedi soir, victoire 2-0 avec deux buts de Léo. Mais où qu’ils sont passés ? Le doute m’habite (oui, je l’aime bien celle-là). Et pis, miracle, les revoila. Et pis, deuxième miracle, en D1. Et pis le revoila le derby. Ah Dame District fait bien les choses, d’un coup de baguette magique, elle sait ramener au bercail les brebis qu'elle a innocemment égarées, et nous guérir de notre manque, de notre frustration. Merci Dame District.

J’ai foulé de nouveau le pourtour du stade. Bon je l’avais quitté avec le soleil et je le retrouve avec la pluie. Mais pareil. Grande tribune. Grande buvette. Grande pelouse. Grande affluence. Grande émotion. Grande journée.

Ah, je dois cependant vous faire part de deux ou trois petites imperfections dans l’organisation du match. Des peccadilles. Je taquine. Ne le prenez pas mal, amis Châteauneuviens. Si on m’avait foutu une branlée chaque fois que j’ai dit une connerie, je ressemblerais plus à Frankenstein qu’à l’Apollon du Belvédère. Bon, je reconnais que la fabrication de frites ou la confection de hot-dogs en plein air, ou même sous parasol, n’était pas compatible avec la météo. Je vous félicite pour votre lucidité et votre prudence. Mais il me faut citer trois petites erreurs :

L’absence de sponsor pour offrir le ballon du match. Chez nous, s’il y a carence de sponsor, on fait toujours appel à VéMell. Le gars ne refuse pas. Le lundi 10 % de plus sur le pâté de foie, le mardi 15 % sur les bouchées à la reine, et le mercredi le ballon est payé. CQFD.

« Le ballon VéMell, le ballon qui fait ficelle »

L’absence de concours de pronostics. Chez nous c’est la spécialité de JLP, l’homme de l’ombre, à la parole rare, au jugement incisif, et aux jeux de mots affligeants. Donne-lui un crayon-mine et un cahier à spirales, il te fait 400 bulletins de pronostic en moins de temps qu’il ne faut à un arbitre pour siffler un péno contre nous. JLP qu’il s’appelle. Le ténor du pronostic. Vous pouvez lui écrire au club des Gars (joindre une enveloppe timbrée pour la réponse). On le voit ici, au centre, alors personnage influent au sein de la troïka. L’homme reste discret sur cette période.

L’absence de speaker. Et pas le moindre baffle à l’horizon (oui baffle c’est masculin, c’est enceinte qui est féminin, ce n’est quand même pas difficile à se rappeler et faut suivre mes chroniques). Un match de foot sans musique d’ambiance, c’est au dodo sans Bonne nuit les petits, c'est la Ligue des Champions sans la musique à la con. Bien sur, ce n’est pas l’adagio d’Albinoni, ou la petite musique de nuit du grand Mozart, mais la musique est essentielle dans l’initiation. Elle te chauffe, te charme, t’émoustille, t’embarque. La musique certes, mais aussi la voix éraillée, nasillarde, expirante qui te dévoile la composition des équipes, qui t’annonce que l’auto au numéro « *4 %*µ &¨£29 » est mal garée, et qui te rappelle courtoisement les noms de l’intrépide arbitre et des inconscients arbitres de touche. Sans le speaker, t’as la surprise. Le début du match te prend au débotté, à la lampée, à la gorgée. Tu avales à large glotte la première mousse, pour rejoindre ta place. Faut faire gaffe, on frôle la fausse-route et l’étouffement. Là, il y a non-assistance à personne en danger.

Mais dans l’ensemble j’ai aimé les retrouvailles. Je n’exprime aucun avis sur le match, je laisse cela aux experts, aux spécialistes, aux érudits, aux savants, aux consultants.

Je dis que deux images résument l’importance du match. Ces images prises avec peu de lumière, au téléobjectif sont de médiocre qualité mais ce sont des instants de vie, des snapchats, qui dans quelques années seront encore dans nos mémoires …

Le trésorier des gars avait obtenu de la Direction des Gars, par dérogation exceptionnelle pour services rendus, le paiement de son billet d’entrée et un plein pour son auto, afin d’assister au match. Solitaire comme les grands fauves, lui d’habitude plus porté sur le verbe et l'invective, s’est pris au jeu. Je le surprends accompagnant le tir de Greg d’un balancement latéral du membre inférieur droit, geste furtif mais tangible, expression primitive d’une rage véhémente. Image rare.

Et à 2 – 0, score affiché, Grand Louis, revenu sur la terre de ses exploits. Oui, Grand Louis, cette pelouse est un peu la tienne. Imposant, majestueux, noble, impérial, entouré par la garde Plonévézienne, tel César par sa garde Prétorienne, il regarde la dernière occasion Plonévézienne, des fourmis dans les jambes, des nuages dans la tête, des gouttes de pluie (?) dans les yeux et le gobelet à la main. Image forte.

Et pis on est rentré.
AN