Cléden-Poher - Plonévez

Cléden Poher : 0 - 4 et à la régulière

Cléden-Poher nous accueille pour l'avant dernier match de la saison.

Je suis là, mais d'emblée je ressens comme qui dirait des vapeurs, des moiteurs, des aigreurs, des sueurs, des pâleurs, bref des humeurs. Car j'ai des hallucinations visuelles. Moi jusque là épargné respectivement par, les outrages du temps, le fardeau des ans et le poids des années,le doute m'habite (ça y est je l'ai placé ...). Moi qui peut différencier un gobelet de Coreff d'un gobelet de Kronembourg à plus de 100 m, par temps de brouillard, à la nuit tombée, je sens que l’œil me lâche, ou le neurone oculaire ou carrément la zone cérébrale en charge de la vision. Je vois un joueur de « B » qui ressemble à notre arbitre de touche « le vice-amiral es-cadre ». Un célèbre "semi-ligneur" dont je terminerai la saga en conclusion de ce remarquable article. Je reste interdit.

Agrandissons.

Oooooouuuuuaaaaah. Lla classe ..... le port consulaire, la silhouette papale, l'allure impériale, le geste auguste. La jambe ferme,le bras autoritaire, l’œil noir, le gladiateur interpelle son adversaire « Vade retro Satanas,ruhig, hasta la vista ! ». Il y a de l'Amiral Nelson mâtiné Amiral Guéprat. Comme quoi, à force d'abnégation et d'humilité à courir sur sa demi-ligne, un obscur petit arbitre de touche, un "semi-ligneur" peut sortir des ténèbres pour éclater au grand jour, s'immortaliser dans la lumière crue des projecteurs de la gloire, devenir un homme comme un autre. Courage petit "semi-ligneur", s'il l'a fait, toi aussi tu pourras un jour courir sur le terrain, sous les projecteurs....

Impressionné, je me remets à peine de cette vision dantesque que mes yeux tombent en arrêt, sur un gardien de but ressemblant à Julien comme deux gouttes de Coreff, un sosie de Julien, ou un jumeau, ou un fac-similé, ou un duplicata ou carrément un clone....

La photo de l'équipe est sans discussion. Un Julien porte le maillot de gardien.

C'est la solution trouvée par le staff : à défaut de payer ou de recruter, on clone. Le trésorier a autorisé l'achat par le club d'une M.A.C. La M.A.C. C'est la Machine à Cloner. De chez Apple. C'est une machine associant le scanner, le moteur Diesel, l'imprimante laser, et la machine à pop-corn. Pas besoin de sortir de Sciences-Po pour l'utiliser, c'est fourni avec un mode d'emploi. Seul inconvénient, il est soit en coréen, soit en croate. Remarque avec un bon dico ....On rentre le Julien-joueur dans la machine, bouton de gauche, le rouge, « do you want a coach ? », cliquez « yes », et comme un Nespresso, tu obtiens un Julien-coach. Le résultat semble bon puisque le Julien-entraineur a fait toute la saison. Ah si, il y a eu un petit bug au niveau du genou, une erreur de paramétrage sans doute, mais la mise à jour de l'appli a tout réparé. Alors le staff s'est pris au jeu, réaliser un Julien-gardien. Facile, on rentre de nouveau le Julien-joueur dans la machine, bouton de droite, le vert, « do you want a goal-keeper ? », cliquez « yes », et comme un Nespresso, tu obtiens un Julien-gardien. Et tu gardes l'original. Voyez que mon équipe-type, celle que j'avais présentée lors de la soirée des Gars n'était pas qu'une vue de l'esprit.....

Mais le clone parait mal à l'aise, et c'est l'inconvénient du joueur cloné, il est farouche. On le voit ici tenter de se cacher derrière ses poteaux de but.

Il faut le rassurer, l'amadouer avec des cachous, ou des fraises tagada. Quelques pièces de monnaie peuvent faire l'affaire. Ou éventuellement, un petit gobelet de Coreff « oublié » dans le vestiaire saura le charmer.

Cela m'interpelle. La technique est très au point. Déjà la semaine dernière, contre Pleyben, j'avais cru voir un clone de Glenn dans les buts. Oui oui , un Glenn-gardien. C'est, à mon avis, une erreur dans l'utilisation de la machine. Le manque d'habitude, une erreur dans la traduction de la notice, une mauvaise manœuvre par précipitation et la boulette, le Julien-joueur a donné un Glenn-gardien. Il a fait le match et pis on l'aurait rangé avec les ballons dans le club-house. On ne sait jamais, il pourrait resservir.

D'ailleurs je me demande si c'est pas une hallucination à mettre sur le compte de la fatigue et de l'énervement après la blessure de Gégé.

D'ailleurs nous allons observer quelques secondes de recueillement en hommage au genou de Gégé, le genou qu'a pété...........................................Pour ce qui l'auraient oublié, je fais un bref rappel anatomique de ce qu'est le genou....

….......................................silence …..................................…........................................ ….....................................................................................................................................

Les clubs voisins sont intéressés par la M.A.C. Je me suis laissé dire que Pierrik 1er est à l'étranger pour inciter quelques joueurs de classe internationale à passer dans la machine. Attention. Pour les joueuses de foot ne demandez une « entraineuse », le clone obtenu n'est pas bon pour le foot. Vous aurez perdu votre temps et vous allez perdre votre argent.

J'oubliai. Il me reste un dernier volet de la page consacrée aux arbitres de touche, ces obscurs travailleurs de l'ombre. Enfin récompensés, ils sont sur la photo de l'équipe. On leur octroie une petite place. Sur le côté. Debout ou accroupi suivant les possibilités. On les reconnaît bien à leur inséparable petit drapeau qu'ils serrent dans leurs petites mains gercées par le froid polaire ou brûlées par le soleil caniculaire.

Normalement, cela se passe bien car l'arbitre, qui reste un homme, avec de l'émotivité , de la délicatesse et même de l'amour, est sensible à l'honneur que leur font les joueurs de figurer sur la photo. Ce geste charnel, quasi sensuel, leur va droit au cœur, j'en ai vu pleurer. Oh quelques larmes furtives coulant sur la joue burinée, car l'arbitre de touche est un homme discret, mesuré, pudique mais aussi défiant, prudent, méfiant, voire froid, introverti, austère, toujours réglementaire, statutaire, éthique, limite pisse-vinaigre, casse-burette, casse-c..... ..

Des photo ou le "semi-ligneur" tient son rang avec rigueur et sérieux ...

Et quelquefois on voit DEUX arbitres de touche. Hasard ? Ici tout semble tranquille, serein .....

Sur celle-ci, le "semi-ligneur" le vice-amiral es-cadre semble surveiller l'autre "semi-ligneur", Frédo l’homme-qui-murmure-à-l'oreille-des-chevaux, connu pour ses incartades......

Effectivement, on le voit déraper et tenter une chenille ou quelques pas de zumba avec l'équipe......L'arbitre de touche en cause a été sévèrement sermonné et n'a jamais recommencé cette pitoyable exhibition, quoiqu'on doit lui reconnaître un certain talent de boute en train.

Ainsi se termine la saga de l'arbitre de touche, le « semi-ligneur », l'homme qui court sur une demi-ligne, avec son petit drapeau. Avec cette épopée, j'ai voulu insérer de l'humain dans l'action exemplaire de ces êtres ordinaires. Ce sont des êtres gracieux, sensibles, courtois, généreux, capables, par exemple, de m'offrir un breuvage houblonné dimanche. Pour les joueurs de "A", "B", "C" et tous les "U", les entraineurs, le trésorier, les présidents, les féminines les lecteurs et leur famille, les adversaires, les voisins, les gens de passage, les égarés, et même les membres du conseil municipal, s'il y en a, sachez que j'accepte les dons en liquide. Je me tiendrais, dimanche prochain, à l'issue du match ; près de la buvette, en haut. En cas de litiges avec les serveurs, n'hésitez pas à en parler au trésorier, je l'ai à ma pogne.

Et pis on est rentré
AN