Coupe de District Poullaouen-Plonévez

Coupe du District : strict le verdict

Bon, voilà le premier match de la saison. Match de coupe. A Poullaouen. On est déjà venus l'année dernière, avec l'équipe « B » et on leur avait planté un petit 3 – 0. Avec le Landrein. Moi je crois aux signes, aux présages, aux auspices, aux augures. Je ne néglige pas le hasard ou la baisse de forme, je tiens compte de l'état grippoteux passager, voire même du réveil dominical tardif, mais en foot il faut tenir compte du passé. Un 3 – 0 ici, c'est que les dieux de la montagne sont avec nous. Les seigneurs de la gavotte sont à nos côtés. Les princes du fest noz sont favorables. Je foule donc confiant ce sol aride qui mène au gazon municipal, ne négligeant cependant pas, de la semelle l'étron canin égaré qui saurait augmenter mes chances de succès. Il ne faut rien négliger. Je reconnais les lieux, je hume l'odeur de la victoire. Il me semble qu'il y ait dans cet arôme comme un petit parfum de 3 – 0. Tu sais ce petit fumet suave qui te donne cette arrogance maniérée du supporter sûr de lui. Je m'acquitte de ma place auprès de la préposée aux entrées

« Alors mon amie, combien vous dois-je ? ». Je fais montre d'une certaine rondeur auprès du petit personnel local, il faut savoir respecter l'adversaire même quand l'avenir qui lui est promis est, je le sais d'avance, fort sombre.

« 4 euros, les femmes ne paient pas ! » me répond-elle de cette voix assurée des inconscients qui montent sur le bûcher en pensant que le bois est trop vert pour s'embraser. Je pense que 4 euros pour 3 – 0 ce n'est pas cher payé, mais je ne veux pas l'accabler. Elle doit tenir sa place. Rester jusqu'à la mi-temps. Garnir son gousset. Et puis en pleine période de féminisme exacerbé, il faut se montrer galant sans sombrer dans la libidinosité. Je m'acquitte de mon dû, avec le sourire.

« Bon match ! » m'assène-t-elle poliment avec la gentillesse de ces vendeurs de rêve, sans savoir que du rêve au cauchemar il n'y a qu'une partie de quatre vingt dix minutes, partie que les oracles m'ont promise gagnée. Je remercie mon interlocutrice de sa prévenance et prend congé. Je ne lui ai rien dit, des prévisions et de tout, de peur de la chagriner.

L'endroit est sympathique.

Devant moi le clocher, sur l'église, et sur le côté, ce qui me semble être un nid de frelons. Ça ne ressemble pas à un nid de cigognes, ni à une yourte d'Inuits. Je suis pas spécialiste en hyménoptères, alors je peux me tromper…...
N'empêche que je suis pas venu à Poullaouen pour m'extasier devant les prouesses nichatoires des butineuses ailées mais pour assister à la répétition du match de la « B ». Je n'ai pas été déçu. 0 – 3 net et sans bavures. Les prédictions se sont avérés exactes. La magie a opéré. Les prophéties n'étaient pas fallacieuses. Il faut dire que nous avons une équipe que j'ose qualifier de galactique. Je pense à mon accorte guichetière. Si je la croise en sortant, je baisserai les yeux. Quoique, je peux m'autoriser un petit regard triomphant, sans aller jusqu'à réclamer le remboursement de mes euros. Ils nous ont éliminé en Coupe de France, alors un peu d'impertinence .......

Un maitre coup-franc de Lucas Juninho, au pied gauche magique.

Deux réalisations de Gerd Müller junior, le renardeau des surfaces.

Et je dois mentionner aussi Kévin M'Bappe, le passeur décisif, l'homme qui court plus vite que son ombre …...

Je n'oublie pas les autres, mais je les garde pour plus tard....

Et pis un petit salut à l'arbitre du match, un ancien gars que j'ai vu galoper chez nous voici quelques années déjà, et qui a troqué sa casaque jaune et noir pour celle de la pourpre quasi cardinalice. Chapron l'artiste......

Voila. Je sors du stade le menton haut et l’œil arrogant, mais j'ai le droit, on a gagné 3 – 0. Je n'ai pas revu ma concierge, c'est mieux ainsi, j'eus pu être irrévérencieux, mais j'avais le droit, 3 - 0, ça autorise.

Et pis on est rentré.

AN

PS : Paul, tu aurais aimé ce match et pis j'aurais pu intituler l'article « Alors bienvenue à Paulaouen », ça t'aurait fait marrer. Juste pour me faire plaisir .....par politesse.