DC Carhaix-Plonévez coupe


Pas de coupe au bol mais coupe au Carhaix ….


Le match de reprise après les agapes de fin d’année. Après les coupes de champagne, la Coupe de Cornouaille. Oui, moi je préfère ce nom. D’abord, c’est celle qu’on a gagnée et elle s’appelle « Coupe de Cornouaille 2001 », et avec la mention « vainqueur », parce que c’est nous qui l’avons gagnée, donc on nous l’a donnée et nous, on l’a gardée. Et moi quand je la regarde, entre deux petites larmes, je lis « Coupe de Cornouaille ». Je ne suis pas contre le fait de donner à des trophées, le nom du valeureux bénévole du foot local, de l’obscur héros régional du ballon rond, de l’anonyme défenseur communal de la chose footballistique, de l’infatigable combattant départemental de la cause footeuse. J’espère, moi-même, un jour, de mon vivant si possible, bénéficier de cette faveur somptueuse. J’attends. J‘échafaude. Je conspire. J’intrigue. Je pateline. Je flatte. Je paierais s’il le faut. De tout façon, à part s’appeler Napoléon ou César, à la rigueur Beyonce, le joueur qui gagne la coupe a peu de chances de connaître le gars qui a son nom sur ladite coupe. Tu connais la Coupe du Monde, la Coupe d’Europe, celle de la Ligue …. et la Coupe Jules Rimet ? Tu vois, faut réfléchir.. Mais bon, nous, on a la Coupe de Cornouaille sur les étagères. Alors, ce dimanche, c’est un peu comme si on la remettait en jeu ( bon, d‘accord, cela fait 15 ans qu‘on le refait ..)..


On est convié à se rendre au stade de l’I-èm-euh, le stade officiel étant indisponible. On n’a pas pu rentrer au stade Charles-Pinson : les DC étaient fermés de l’intérieur (sic).
Je n’avais pas vu l’avis de DC (sic) dans le journal.
Içi, c’est Carhaix. L’équipe phare du Power, c‘est eux. Après avoir été dans le rouge, broyé du noir et entraperçu du bleu-loup, les DC hissent les couleurs. Une armée rouge et noire ceinture le terrain. Très Stendhalienne l‘ambiance. Içi, c’est carré, 2 entraîneurs, 2 gros sponsors et 2 baffles ! Tu entres au stade, tu es frappé par le duo emblématique, venant d’horizons différents, concourant au même projet, aux affectations différentes mais complémentaires, animés d’une même foi, d’une même conviction. Un binôme façon Castor et Pollux. Je veux parler des deux baffles bien sûr (oui baffle, c’est du masculin, c‘est une métonymie, faut suivre mes chroniques, c‘est enceinte qui est du féminin…). Moi, j’aime bien les baffles. On reconnaît la valeur d’une équipe à l’intérêt qu’elle porte à ses baffles. Un joli baffle, sans sac poubelle sur la tête, droit sur son pied, la membrane palpitante, le haut-parleur généreux, les parois denses et l‘impédance vaporeuse, c’est beau. Alors deux baffles ! Et pis, c’est audible. On comprend tout. Connaît pas l’ami Larsen, le baffle Carhaisien. Du baffle de concert. Si AC/DC vient aux Vieilles Charrues, l‘acoustique est à leur disposition. Une raison de plus de venir au match. Ca fait au moins dix raisons……


Et puis ils servent à dire merci, surtout. Merci aux supporters, merci à l'arbitre, merci aux arbitres de touche, merci au ballon, merci aux dirigeants, merci aux joueurs, merci au généreux donateur du ballon du match et surtout merci à la myriade, que dis-je la kyrielle de sponsors Carhaisiens. Pour l‘équipe A, pour l‘équipe B, et la C, et les U17, les 15, les 13, et les autres, les féminines, ah non y a pas de féminines, mais ça ne fait rien, merci aux dirigeants Plonévéziens de l’équipe féminine Plonévézienne qui vient de jouer contre le Stade Brestois, et surtout merci à ceux à qui j‘ai oublié de dire merci, et que je remercie…..
Moi je rebaptiserai ce stade, le stade « Des merci ».
Ou alors le « Stade Pierrick-Le-Teuff-carrelage-Le-Cloitre-Pleyben » parce que là-aussi, on en a entendu. T’avais l’impression d’écouter les promotions de Bricopierrick « Le carrelage féerique s‘achète chez Bricopierrick! », ou celles de Bricoleteuff « Le carrelage pour ta meuf se trouve chez Bricoleteuff ». Tu sais désormais que le gars ne fabrique ni des joints de culasse ni de la limaille de fer. Tu sais ou il habite. Tu connais les prénoms de toute sa famille, mieux que sur Wikipédia. Et sous les acclamations enfièvrées d’une foule chauffée à blanc par les harangues enflammées du speaker exalté du stade de l’I-èm-euh, le sponsor-dirigeant Plonévézien a donné le coup d’envoi du match, d‘un plat du pied, suivant en cela le précepte du célèbre philosophe Plonévézien Phil Land « le plat du pied, c‘est la sécurité ».


Phil Land », philosophe-footballeur, a émaillé son parcours footballistique de sentences certes expéditives mais toujours légitimes. Un footballopenseur que l’on remercie içi.


Deux baffles, deux entraîneurs, deux gros sponsors. Tout en duo. En binôme. En doublette. En tandem. A Carhaix, ils bissent tout le temps. Il y a par exemple, 2 clubs de foot à Carhaix. S’ils font un truc, faut qu’ils bissent après. Et tout les motifs sont bons pour bisser. Par exemple, tu as combien d’équipes avec deux entraîneurs ? Même Rennes a viré le premier, pour installer le deuxième. Carhaix bisse envers et contre tout.
On a perdu 1-0. On aurait mené à la mi-temps, cela n’aurait pas été immérité. Mais comme l’a dit le haut parleur (oui le monsieur qui parlait haut dans le micro), c’est le foot … Marre de ce foot. Moi je suis pour le sport, mais quand on gagne, sinon c’est pas du jeu.
Et pis on est rentré.
AN