Il fait froid. Ben oui, à la télé, à la radio on est assommé d'annonces alarmantes « le froid s'abat sur la France », « L'hiver est bien là », « les thermomètres chutent », « La France grelotte ». Ben oui. On est en hiver et il fait froid. On serait au mois d'août, ce serait inquiétant, mais en février....
De toute façon, avec nos appareils à pales qui poussent dans la campagne, on risque plus de tomber en panne d'électricité, à ce qu'ils disent les ingénieurs de l'électricité ailée. On appelle cela des éoliennes. Ce sont les descendantes des moulins à vent. C'était joli un moulin à vent. On pouvait le prendre en photo, avec le paysage derrière, ou tout seul. Et pis ils avaient une histoire ces moulins à vent, regarde celui de Valmy. Ben peut être, mais maintenant tu ne peux plus photographier un paysage sans tomber sur ces p...... d'éoliennes, et une éolienne c'est moche. Bon, ça n'engage que moi, mais moi, je trouve qu'une éolienne c'est moche. Et celui qui conteste mon point de vue, en a tout à fait le droit. Du haut de mon mètre soixante dix, je ne lui en tiendrais pas rigueur .....
Mais, mon œil de photographe, tout empreint de cette sensibilité délicate et de cette tendresse exquise qui n'appartiennent qu 'aux hommes de goût, est irrésistiblement attiré par une fleur de genet. Une petite fleur jaune. Elle est derrière le but. Elle est d'un joli jaune. Comme la jonquille ou le citron. Elle s'affiche sans arrogance intempestive mais avec toute la noblesse des jolies choses simples. Un petite fleur jaune qui éclabousse de sa luminosité dorée le terrain de Collorec.
C'est joli, le jaune. Et puis une fleur à côté d'un terrain de foot, c'est du sirop de cassis dans un picrate frelaté, ça apporte de la douceur et du velouté. Parce qu'on peut aimer le foot et courtiser les Muses, basculer dans l'esthétique, faire dans le pittoresque. On vit une époque qui voit plus de gens s'extasier devant la table Norräker de chez Ikéa que devant la Joconde ou les vases Ming. Alors qu'un peu de poésie ne peut pas blesser. Certes le langage du foot est plus proche de celui des harengères que de celui des dieux. Parle à mon luth, ma tête est malade. C'est vrai, l’environnement du foot est cru, lourd, poissard, un tantinet brutal. Alors qu'il suffirait de faire quelques corrections élémentaires pour basculer dans le bucolique, titiller le lyrique, s'ouvrir au romantique. On pourrait doter monsieur l'arbitre d'une flûte à bec au lieu de ce sifflet nasillard. Il y gagnerait une image de pâtre, de pasteur, de berger ancestral, badin et sémillant, menant au pâturage le troupeau bicolore. On pourrait remplacer les cartons par des fleurs assorties aux couleurs des-dits cartons : une marguerite pour le blanc, un mimosa pour le jaune et un petit coquelicot pour le rouge. On offrirait aux arbitres de touche une pompe à vélo ou une saucisse de Strasbourg, ou de Morteau j'm'en fous, à la place de leur drapeau bigarré. Au début du match, on ferait chanter à chaque équipe une petite cantate d'accueil pour l'équipe adverse, une petite chansonnette délicate et duveteuse au lieu du sempiternel « Et pour Plonévez mmmouaaaais..., et pour Gourin, mmmouaaaais.... ». Dès lors, comment s'en prendre au maitre du jeu quand celui-ci, suite à vilain tacle de votre part, vous offrira un coquelicot et vous raccompagnera jusqu'aux vestiaires en jouant une petite barcarolle à la flûte de pan.
C'est une idée que je lance. Une sorte de canevas, d'esquisse, d'ébauche de ce qui pourrait être le foot de demain, ce nouveau foot qu'appellent de leurs vœux ces très jeunes spectateurs vus à Collorec. Dès ce soir j'écris à Noël Le Graet, le président de la FFF et à Giovanni Vincenzo Infantino, le président de la FIFA, pardon della FIFA.
Deux matchs, deux victoires. Des victoires arrachées. Mais les lauriers sont pour les vainqueurs ….Et les vainqueurs peuvent célébrer la victoire avec ces chants de vestiaires qu'on a du plaisir à écouter.
Et pis on est rentré.
AN
« Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis. » même à Collorec .....