Il suffit de passer le pont....de Buis (d'après G. Brassens)

J'ai marqué de mon honorable présence la première mi-temps du match des dames. J'ai reconnu quelques figures emblématiques de l'équipe. Faut que je revienne. Elles méritent. Bon, faut reconnaître, venir à 12 h 30, c'est un sacerdoce. Tu avales ton repas, t'as la digestion difficile, de l'aigreur d'estomac, des flatulences de boyau, et forcément t'es grincheux. Alors moi j'ai sauté la collation dominicale, mais je n'ai tenu qu'une mi-temps car la « B » rencontre Pont de Buis en machin challenge à 14 h 30, et comme j'avais promis de venir. Tiens Greg est de retour de son périple. Son auto est sur le parking, comme un trimaran à quai après la route du rhum, plus sponsorisée qu'un coureur cycliste. Et puis il a bien mis en évidence notre boisson favorite, la Coreff.


Je sais, mais j'ai promis à Paulo de citer sa boisson bénie des dieux dans chaque chronique. Ce jaune ambré dans le soleil couchant, c'est beau.



Un premier but de Baptiste sur une passe millimétrée du génial Max. Un esthète du foot, le grand Max. Toujours à la recherche du geste somptueux. Et puis tout en retenue. Le poing fermé est chez lui le témoin d'une liesse inextinguible. Il exulte, mais en dedans. Paisible. Placide. Posé. C'est un sage. Moitié Bouddha, moitié Zidane. Moitié Mandarin, moitié Mad Max. Moitié Bonze, moitié Attila. Il écoute battre son cœur, c'est une musique qui vient de l'intérieur, comme disait Lavilliers.

Deux autres buts viendront signer cette qualification pour le tour suivant. Un d'Aymeric pour l'égalisation et un autre de Thomas pour la victoire. Elle tourne cette « B ». Elle joue bien au foot parce que, et je le dis en toute honnêteté, en toute indépendance, en toute liberté, en toute objectivité, en toute sincérité, parce que cette équipe a désormais à sa tête, un grand coach. De haute lignée. Ayant tout montré sur le terrain, n'ayant plus rien à démontrer, il s'est tourné naturellement vers le management.

Braillard, criard, gueulard durant le match, il sait devenir sérieux, réfléchi, lucide pour délivrer son analyse à la fin du match. Le vestiaire est alors le lieu où il délivre une petite causerie intimiste, à mi-chemin entre le sermon de chaire et la plaidoirie d'assises, avec une once de tribune politique. Le petit poing serré, il cogne, il frappe, il martèle, comme Charles (688 - 741). Pas plus, pas moins. Comme il faut. Ni trop, ni trop peu. La bonne mesure. Pas au delà. Pas en deçà. Le juste milieu. Les joueurs sont attentifs mais j'ai noté un garçon particulièrement tenu en haleine par les propos du vénérable coach (flèche rouge ....)

Ce joueur est touché par la grâce. Il est dans l'extase, la béatitude, la félicité. Il a dans les yeux une sorte de mélancolie presqu'indienne. Il boit les paroles du coach. Il est en suspension mentale. En arrêt cérébral. Au point mort. Car le coach parle de cette voix profonde, à la fois cassante et caressante, bredouillante et mordante, avec des mots qui font des phrases, des phrases qui entrent dans sa tête à lui Baptiste. Fasciné, envoûté, hypnotisé, magnétisé, il rayonne, béat. Il est au septième ciel, sur son petit nuage. Il tutoie les anges.

Et pis on est rentré

AN