Plonévez-Chateauneuf et U15 17 avril

Avec les bisous de Châteauneuf du Faou

Le derby à domicile. Le maintien à portée de main. La série de victoires à continuer. Les 4 buts marqués à l’extérieur.
Je rêve d’exploit, de remontée au classement, de billet élogieux dans le journal, de Coreff gratuite à la buvette, d’avalanche de buts, de pluie de confettis, de couronne de lauriers, et même de .....rentrée glorieuse et fanfaronne.
La sortie d’après match le menton hautain, la narine prétentieuse et l’œil arrogant. Toisant le malheureux supporter adverse attristé du haut de la victoire, notre victoire. S’attardant même pour regarder le cafardeux supporter adverse accablé par le poids de la défaite, sa défaite. Bousculant l’inconscient supporter adverse attardé sur les lieux de la cinglant défaite. Passant commande sous le nez de l’impécunieux supporter adverse désargenté d' « une Coreff de la victoire s’il vous plait ». Laissant choir sur l’habit du dimanche du supporter adverse dépité, quelques gouttes du breuvage triomphateur. S’excusant d’un large « excusez, je ne vous avais pas vu … », auprès du soucieux supporter adverse mouillé. Terrassant d’un tonitruant « décidément, c‘est pas votre jour… » l’inconscient supporter adverse mortifié. Plantant là avec la jubilation des lâches, l’inconsolable supporter adverse accablé..
Les rouge et noir ont réveillé ma maladie honteuse, la défaitite mélancolique récidivante, qu’on appelle cela. Je cherche le réconfort auprès du supporter Plonévézien, le trouvant d’ailleurs fort jovial en ces circonstances funestes.
Ben pour tout dire, faut être objectif, c’est pas le genre de sortie que j’ai pu effectuer dimanche. Je suis sorti comme les langoustes, à reculons. La défaite humiliante. La routine banale, le train-train monotone, le ronron affligeant, notre pain dominical, quoi. Ben pas forcément. Parce que, moi, la veille, j’ai assisté à une victoire herculéenne des U 15 sur une équipe de Carhaix, pourtant de haute qualité, en présence des deux présidents emblématiques.


Déconcerté, j’embraye. Lui aussi.
Ben pour tout dire, faut être objectif, on a perdu le match capital, à 6 points, à 2 euros de pronostic et à 4 euros l’entrée. Ma misérable retraite m’oblige à me passer de Coreff. Je suis rentré la gorge nouée, la glotte couenneuse et l’amygdale sèche, comme souvent, hélas, après le match. Ben pas forcément. Parce que moi, la veille, j’ai assisté à une victoire jupitérienne des U15, avec des buts mémorables, comme ce but, véritable coup de canon napoléonien.


Dépité, je persiste. Lui aussi.
Ben pour tout dire, faut être objectif, à propos de napoléonien, dimanche on attend Grouchy et on voit débarquer Blücher. Stade Yves-Bégoc et Waterloo, mornes plaines. Vaincus, domptés, matés mes petits gars, comme à Alésia. Battus à domicile, sur notre sol, encore une fois. Ben pas forcément. Parce que moi, la veille, en ce même lieu, j’ai assisté à une victoire homérique des U 15 avec un coach dont la bobine épanouie respirait la béatitude.


Agacé, je persévère. Lui aussi.
Ben pour tout dire, faut être objectif, le panneau d’affichage met Plonévez, nous, les locaux, aux abonnés absents. Zéro but à notre actif et deux dans le baba. Il s’est pas fatigué le préposé à l’affichage, comme tous les dimanches. Ben pas forcément. Parce que moi, la veille, j’ai assisté à une victoire minotaurienne des U 15 avec tellement de buts que le préposé à l’affichage a baissé les bras, ce qui est consternant pour un préposé à l’affichage, et a dû être suppléé par le président lui-même.


Asticoté, je m’obstine. Lui aussi.
Ben pour tout dire, faut être objectif, j’ai frémi en voyant le ballon entrer dans le but Chateauneuvien. Mais l’arbitre de touche, comme à Lanvéoc, a refusé le but. D’un coup de sifflet autoritaire, l’arbitre a signé le tocsin de mes espérances, le glas de mes espoirs, comme souvent. Ben pas forcément. Parce que moi, la veille, j’ai assisté à une victoire titanesque des U 15 avec des buts validés, de la tête, du pied, de la poitrine, du genou, de l’adversaire, du poteau, de la transversale, de la pelouse, même que j’ai pas pu tout photographier …


Irrité, je poursuis. Lui aussi.
Ben pour tout dire, faut être objectif, j’ai vu la défaite de mes Gars, frappés de la stérilité offensive, la sorcière aux dents pourries, comme si souvent le dimanche. Ben pas forcément. Parce que moi, la veille, j’ai assisté à une victoire cyclopéenne des U 15, comblés par l’efficacité offensive, la déesse aux dents ivoirines.


Décontenancé, je conclus. Lui aussi.
Ben pour tout dire, faut être objectif, c’est pas souvent que je vois des scènes de joie entre joueurs. Tu sais les embrassades, les accolades, les câlinades, les roucoulades, les bousculades, les rigolades, les sérénades survenant après le but, j’en vois plus. J’ai perdu le goût. Ben pas forcément. Parce que moi, la veille, j’ai assisté à une victoire vénusienne des U 15, avec des roulages de patins, de galoches, de bisous, de bécots, de poutous, de pelles, de palots, autant qu’à la Gay-Pride ou chez Dodo la saumure, le célèbre entraîneur belge.


Ben pour tout dire, il m’a énervé, le gars. Gentiment, mais énervé.
Et pis on est rentré
AN