Plonévez-Cléden Poher

Cléden-Poher .............scènes du foot ordinaire.


Voilà. J’ai décidé de faire le grand chelem : voir les matchs de la « A » et de la « B », successivement, à la suite, dans la foulée, dans la continuité et pour tout dire l’un après l’autre.
Et bien, il s’est passé des choses bizarres, mystérieuses, maléfiques. Des trucs que t’expliques pas. Ou alors tu tombes dans l’affabulation, le romanesque, voire le mythologique genre Bernadette au seuil de la grotte. Et moi le surnaturel me fout les jetons. J’aime comprendre. J’aime l’intelligible. Mais là, ma psychologie rationnelle a pris du plomb dans l’aile, et du gros calibre, du 220 grammes, pour le sanglier ou le cerf….. J’invente rien, j’expose.
D’abord le capitaine de la « B ». Un bon gars, compétent, sain, normal quoi. Il est là, sur la photo, à sa place, au milieu, avec le brassard, tout est en ordre …Pour le moment…. .


Et pis tout sombre dans la diablerie. Le gardien, touché par la grâce, soudainement s’élève dans les airs. Une lévitation magique. L’homme quitte le gazon et monte, monte, monte, doucement, gentiment jusqu’à disparaître dans le ciel. Un gardien volant….Je n’en crois pas mes yeux, et pourtant sur le terrain Alain-Rolland, il n’y a pas de buvette (ni de panneau pour les scores d’ailleurs) et je ne fume plus depuis longtemps.


Et pis tout sombre dans le dinguerie Si vous additionnez les numéros des maillots des gars sur le pénalty, cela fait « 51 ». Ben oui "51" !!!!! C'est un signe, un message, un symbole. Les joueurs ne se sont pas, placés comme cela par hasard, c'est évident. Cela saute aux yeux. Et "51"ça veut dire Pastis, Pernod, Père No, Père Noël. J’invente rien, j’additionne, c’est tout, je constate. Je n’en crois pas mes yeux, et pourtant sur le terrain Alain-Rolland, il n’y a pas de buvette et je ne fume plus depuis longtemps.
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Et pis tout sombre dans la sorcellerie. On retrouve notre capitaine, dans les vestiaires de la « A », transformé en Père Noël pour apporter de la joie. Chose extraordinaire, les joueurs ne sont pas surpris de voir le Père Noël arriver dans les vestiaires, et pourtant il n’y a pas de cheminée dans les vestiaires, et c’est des grands garçons pour la plupart, et on n'est pas le 25 décembre, et je viens du terrain Alain-Rolland où il n’y a pas de buvette et je ne fume plus depuis longtemps.


Et pis tout sombre dans la fantasmagorie. Les lacets se délacent. Tous seuls. Y a du mystère... Le président-gardien a son passe-laçet personnel, un domestique dont le rôle est de glisser le lacet dans les trous de la chaussure de bas en haut, selon un modèle en zigzag ou bien horizontal, mais parfois, il nécessaire de passer au travers et de ressortir de la languette située entre les bords de la chaussure, et là, bien sur il est fait appel à un deuxième domestique, un spécialiste de la languette, un majordome est alors nécessaire pour coordonner le rôle de chacun afin que cela ne s’éternisât point, pouvant provoquer l’agacement de l’arbitre et l’ire du public, voire la prolongation du match jusqu’au bout de la nuit. Ça s'est vu.. Et c’est là que je dis que c’est diablerie car on va retrouver ce laceur de lacet plus tard ……Je te répète, y a du mystique là-dessous. Et j’ai pas approché de la buvette et je ne fume plus depuis longtemps.


Et pis tout sombre dans la maussaderie. L’arbitre de touche, le pauvre arbitre de touche, ce pelé, ce galeux, pourvu de lacets d’occasion, les doigts engourdis par le froid, gêné par son petit drapeau, oublié sur le bord du terrain, doit se débrouiller tout seul. Point d‘aide ancillaire. C’est pas les duettistes Frédo and Frédo qui vont me contredire, l’arbitre de touche n‘est pourvu que de misérables galoches éculées, pourvues de crampons de récupération, affublées de lacets vermoulus.


Et pis tout sombre dans la rêverie. Dans les vestiaires, embués par la virile sueur qui se dégage de ces corps dénudés, éphèbes vertueux nimbés de fraîcheur juvénile, jouvenceaux nubiles acteurs de joutes innocentes, apollons baignant dans la suavité virile d‘un vestiaire vaporeux….pardon, excusez-moi, monsieur le juge, je me laisse emporter et met en péril le sursis que vous avez bien voulu m‘octroyer….Donc dans les vestiaires règne un putain de plaisir d’avoir tapé la victoire. Entre hommes. Mais l’un d’entre eux semble ailleurs.


Tout sombre dans la vannerie. C’est notre danseur mondain, notre bayadère de pelouse, notre Noureev du gazon, rappelez vous… et notre laceur de lacet de gardien. Le même.


Tout sombre dans la songerie, les brumes de vestiaire, les vapeurs méphistophéliques. Le gars est ailleurs. Loin. Très loin. La-bas …Il est le premier buteur. Il a marqué son but annuel et le voilà parti dans …ailleurs….là-bas loin…très loin…du côté du Cloitre Pleyben…

Et pis il faisait froid, il faisait nuit. Décidément nos matchs s’éternisent. Certains arbitres, véritables paons de basse-cour prolongent dans le crépuscule une partie que tous voulaient finir, ridicules marionnettes jouant du chrono, du sifflet, du carton comme enfant jouant avec son joujou au pied du sapin de Noël , d’autres, hélas doivent s’éclipser avant la fin.
Et pis on est rentré
AN