Plonévez - Edern

Edern nous consterne ….
Match du maintien.
Faut gagner pour rester en D1, pour assurer la maintien, pour rassurer les citoyens, pour emm...... les voisins.
Il a dit pareil le coach (prononcez Kôtge !) "Faut gagner, et pis c’est tout !", qu'il a dit le coach ...
A la tête de toute équipe, il y a un coach. Le coach, c’est le chef, le maître, le savant, le professeur. La tête pensante. L’ogive nucléaire de l’équipe fanion.Il connait tout, dirige tout, chaperonne tout, explique tout à partir de sa petite maison. On le voit ici donner ses directives à un jeune débutant inexpérimenté, pendant que dans son dos, un membre du GIGN, reconnaissable à la casquette, veille sur sa sécurité et sur celle de sa petite maison....


Chaque coach a son savoir mais il existe un principe commun à tous les coachs, Mourinho en parlait d’ailleurs la semaine dernière avec Jo Le Ho, c’est le principe des trois « P ».
Positif, Potentiel, Palabre.
POSITIVER premier terme technique du coach de première catégorie. Quand un joueur rate un but tout fait, il y a le réflexe primaire : « Quel c.., c’est pas possible, N.. de D… de B….. de M…. !, c‘est pas vrai, N.. de D… de B….. de M…. !, j‘y crois pas, N.. de D… de B….. de M…. !, comment il loupe ça ce c.. ! » . A éliminer d’office. C’est crétin. Aucune pédagogie. Tout l’inverse de la réaction du bon coach qui lui, va positiver : « Bien tenté ! » ou « T’as essayé ! » ou « Y aura une aut’ ! » ou « C’est c’la ! » ou « C’est pas fini ! ». Il faut montrer au joueur qu’on croit en lui, qu’il est bon, que le loupé est dû à la chaussure défectueuse, à la faiblesse passagère, au coup de mou meurtrier, à l’hypoglycémie funeste, à la motte de terre assassine, à la saute de vent scélérate, à l’adversaire chanceux, ou au ballon dégonflé, comme le montre le Boss qui est le chef du coach, et qui dit au coach ce qui doit être dit ....

Bien sur, il est permis au coach de penser que ce joueur est une parfaite buse, une calamité du ballon rond, un avorton besogneux, un lilliputien du foot. Mais il faut positiver, montrer au joueur qu’il est dans le vrai, que les crapuleries du genre tir de 30 m dans la lucarne opposée, ou petit lob lifté de l’exter’ du pied par-dessus le gardien, ou même le coup de tête piqué au premier poteau ne sont que gestes de stagiaire prétentieux, d’apprenti vaniteux ou de novice insolent, que cela n’impressionne que les galopins de l’école de foot ou les vieux supporters cacochymes, que le joli jeu, le jeu léché, le jeu gracieux, c’est ce qu’il a fait, enfin tenté, enfin …. Bon, bien sur à la fin du match, il n’est pas interdit de lui susurrer que, quand même, m…., même un unijambiste aveugle l’aurait mis au fond. Mais il faut rester positif et embrayer sur le deuxième axiome : le POTENTIEL.
A ce stade du raisonnement, je comprends votre lassitude et je vous invite à boire une petite bière, la Coreff du chef, bien sur.C'est le produit emblématique du boss, qui est le grand chef, au dessus du coach.


POTENTIEL, deuxième vocable essentiel du coach de première classe. Dire à un joueur qu’il a le potentiel, c’est profond, mystérieux, magique. Un joueur de foot peut être crédité d’une vitesse de course phénoménale, ou d’un dribble magique, ou d’un jeu de tête divin, ou d’une frappe de mule, ou d’un pied gauche hors du commun. Ce sont des appréciations qu’on peut comprendre. Mais certains sont dépourvus de ces qualités premières qui en feraient un honnête joueur. N’importe quel éducateur médiocre, alors, lui conseillerait alors d’abandonner le foot, et même le sport, et de se tourner vers le Théâtre ou la Musique ou des conneries comme cela, mais pas le psychothérapeute averti qu’est le coach breveté. Celui-ci lui parlera de son potentiel. Il lui dira qu’il n’a rien montré, rien prouvé, qu’il a fait un match de m…., que c’est pas le premier, ni le dernier, qu’il va se retrouver en « B », ou se faire oublier en « C », mais qu’il a en lui, tout au fond, non plus profond, ce que beaucoup n’ont pas, à savoir le POTENTIEL. Certes, il faut être coach assermenté pour tenir un tel discours au joueur qu’il vient de sortir au bout de 10 minutes sans recevoir une mandale en pleine poire et une bordée d’injures. Justement, le coach a les mots, et il utilise ces mots pour poser un diagnostic et établir un dialogue constructif, interactif et pacifique avec le joueur, autrement dit une PALABRE.
Je vous livre ici un exemple éloquent de ce qu’est la palabre. Le maître de la palabre, le palabreur, est ici à droite, reconnaissable au doigt levé, souvent l’index, qui hypnotise l’œil du palabré, ici à gauche, lequel est littéralement envoûté, ensorcelé, tétanisé, d’où l’expression « Au doigt et à l’œil ». Un document rare.


PALABRE, troisième appellatif du coach de premier grade. Le coach est un être volubile, verbeux, loquace, un causant. Avec des mots simples, avec des phrases courtes, avec le verbe, le sujet et le complément direct, et éventuellement un petit adverbe, si affinités, il va construire la palabre. Son but, c‘est d’évoquer l’attaque-défense, de rappeler les fondamentaux, d’envisager d’ouvrir les espaces, d’exalter la prise de risque, de se faire plaisir, et surtout, surtout de révéler l’alpha et l’oméga. Tout cela, c’est l’essence du jeu, et même la quintessence du jeu. Pour simplifier, c’est le jus du jeu….. Le coach honoraire le dit aux joueurs. Il entame la causerie, l’échange, le débat, le dialogue, la discussion, la joute oratoire. Un tennis-ballon verbal. Jeu de mots et jeu de balle. Service-volée. Les langues se délient, la salive se dépense, la bavette se taille, le silence se rompt petit Patapon, la voix s’élève, les oreilles se cassent, les c……. aussi, et la PALABRE s’installe. Bravo le coach !
Et pis on n’a pas gagné.
Et on est rentré
AN