Plonévez-Ergué Gabéric

Ergué-Gabé...ric-rac .

Nous recevons un ténor, un cador, un prétendant au titre, Ergué Gabéric. On a pris une bonne fessée à l’aller. Une raclée serait de mauvais goût pour le retour. Et l’équipe doit se réconcilier avec ses supporters.

Mais d’abord, il est de mon devoir d'observateur avisé de vous relater l’étrange manège du chef du triumvirat (troïka en russe), en préambule du match, sur la pelouse, dans les deux buts, en ce dernier dimanche de mars, avant Pâques. Amen.

En effet, le Chef du triumvirat (troïka en russe), légendaire momie exsangue, figée dans la lumière blafarde des après-midi blêmes des dimanches d’hiver, s’est animé. Revêtu des habits rituels, l’emblématique pèlerine noire des Gars, frappée de l’authentique logo des Gars sur le cœur, surmontée de l’auguste capuche, et assortie de la sainte sous mentonnière, il est sorti de son illustre léthargie sépulcrale pour s’adonner à une sorte de curieuse danse médiumnique.

Improvisation de circonstance ou intention réfléchie, le doute m’habite.

Une activité mystérieuse, tortueuse, ténébreuse et pourquoi ne pas le dire tout de go, sabbatique. Effeuille-t-il dans les buts la mandragore, la cigüe, la morelle endormante ou la belladone, capables, dit-on, de guérir abcès et écrouelles ? Ou nébulise-t-il les buts de vapeurs de plomb ou de mercure, capables, dit-on, de dévier les ballons vicieux ? Ou asperge-t-il les buts du fluide magnétique universel, flux capable, dit-on, de doter le gardien de l’éternelle invincibilité ? Le doute m’habite.

Incantations ? Magie cérémonielle ? Sorcellerie ? Alchimie ? Magnétisme ? Astrologie ? Ou simple mesure d’assainissement domestique ? Ou même course aux œufs de Pâques anticipée ? Certes on sait l’homme rusé, que dis-je, l’homme est madré (de canard de chez VéMell évidemment), l’homme est matois (ture en zinc, comme chez VéMell évidemment), l’homme est papelard (lard de chez VéMell évidemment). Le doute m’habite. (Oui j’aime bien l’expression, comme P. DESPROGES, un des mes maitres).

En fait, et le chef le sait, le triumvirat (troïka en russe) est en permanence en proie à des querelles internes. Ce n’est que castagne pour la gagne. Ce n’est que baston pour les picaillons. Ce n’est que bagarre pour la victoire. Divisés par vanité mais solidaires par fripouillerie, ils s’attribuent privilèges, primes et gratifications avec une endurance scandaleuse, et une impunité exaspérante. Il faut les voir agrippés à leur poste comme le pou ou le morpion au système pileux …. Poudre DDT, Fly Tox ou Round Up sont impuissants. Le lance-flamme peut-être … .

Il faut dire que, d’abord, un triumvirat (troïka en russe) à quatre, c’est surprenant et source de conflit. Trois mois, c’est un trimestre, six mois un semestre, quatre mois ce n’est rien… . Quand tu dis « ça casse pas trois pattes à un canard », tu comprends, mais quatre tu ne comprends plus … . Un trio à quatre c’est un quatuor, ce n’est plus un trio, même avec des ex-æquo… . Tu vois, je ne raconte pas que des conneries.

Bon, on se calme.

J’ai, vous le savez, longuement étudié l’ordonnancement du triumvirat (troïka en russe), sa reproduction fondée sur le passe-droit, sa vie sociale essentiellement dominicale, l’absence de femelle en son sein, sa propension à créer ses propres prédateurs. Je l’ai observé dans son environnement naturel, le pourtour d’un terrain de foot. Mais gaffe, de loin, au téléobjectif, sous le vent. Heureusement j’ai l’habitude de la photographie animalière, les oiseaux de proie, les grands fauves, les serpents venimeux, les dinosaures, les coachs, et tout le toutim. J’ai appris la patience, la prudence, la peur aussi. Les clichés ne sont pas bons, mais attention, il ne faut pas se faire repérer par le triumvirat (troïka en russe), la bête tricéphale ou à fortiori quadricéphale, est imprévisible ! Le triumvirat (troïka en russe) peut t'asséner un coup d’emblématique pèlerine noire, t’étouffer avec l’auguste capuche ou te garrotter avec la sainte sous mentonnière. Certes, on peut le surprendre en l’attendant à la buvette ou il vient se désaltérer après le coup de sifflet arbitral final, mais c’est risqué.

Sur le premier cliché, on distingue le triumvirat (troïka en russe) originel, célébrant la nouvelle année avec sa coutumière et si communicative gaieté.

Puis le deuxième triumvirat (troïka en russe) après la mutation génétique ou le putsch, les avis divergent sur la cause du remaniement.

Le troisième cliché est évidemment un montage grossier, dont la paternité doit, sans doute, sous toutes réserves, avec les précautions d’usage, être attribuée au quatrième personnage, le petit à l’auguste capuche et à la sainte sous mentonnière, sorte de Judas ou de Brutus des temps modernes.

Bref, le chef sent branler son siège. Ben quoi, c’est français … Bon, si tu veux, le chef perçoit une oscillation anormale du trône triumviral (troïkal en russe). Il a en tête l’assassinat de l’Archiduc d’Autriche à Sarajevo et le bourre-pif du gugusse de Montauban. Pas à dire, ça marque. Alors, revêtu de l’austère mais emblématique pèlerine noire des Gars, frappée de l’authentique logo sur le cœur, il se saisit des deux emblèmes du pouvoir absolu des Gars, la raclette et le balai, et foule la pelouse d’un pas majestueux. Noble. Grand. Digne. Un mélange de César et de Jeanne d’Arc. Suprême trouvaille de monarque éclairé, il salue au passage le sponsor en rapport avec ses emblématiques ustensiles jardinophiles, Le Point Vert. Joli coup de Com’, ça peut toujours servir.

Puis, le geste théâtral et l’attitude gaullienne, devant la foule surprise puis fascinée, il ratisse et balaie les surfaces des deux buts. A grandes circonvolutions des membres supérieurs, le dos incurvé, tantôt face au public, tantôt lui tournant le dos dans un mouvement gracieux évoquant Béjart dans le Boléro de Ravel ou le grand Noureev dans le Lac des Cygnes. Une danse alchimique, cabalistique, ésotérique. Les spectateurs sont béats d’admiration, même l’abbé est béat. Tous se pâment pour lui. Il est Merlin l’Enchanteur faisant défaillir la fée Viviane.

Il est au zénith. Il triomphe. A la trappe les petits branleurs de siège.…. Le sacre. Paulo 1er. D'un pas majestueux, semblant glisser sur l'herbe, il regagne le bureau des Gars pour y déposer les instruments de son pouvoir, la raclette et le râteau, avec une sérénité qui ferait pâlir Fernand Naudin, et avec une moralité qui subjuguerait les frères Volfoni eux-mêmes.

« On s’est fait plumer comme des lapins ! ....... » ont immédiatement réagi les membres du triumvirat (troïka en russe).

Ayant gagné la partie, fort de son avantage, le désormais incontestable chef du triumvirat (troïka en russe), se permet une petite facétie en demandant à Léo « Léo, fais moi le hamster ». Et Léo subjugué par la subtilité de la requête, s’exécute… avec talent d’ailleurs.

« No problemo », « Ay, caramba! », « Va te faire shampooiner ! ». The Boss is back. Il a frappé les esprits, surpris son auditoire, épaté la galerie et la campagne (pâté de campagne …), suffoqué les phoques, médusé les méduses. Du travail de pro. Le Boss est de retour. C’est le lui Patron, le Maitre, le Satrape. Il est, et reste le N°1.

Le Chat Botté, conte de Perrault reste en 2, confirmé à son poste en cette semaine … Pascale.

Mon nom est Personne, film de Sergio Leone reste en 3, avec subvention spéciale pour la gapette.
Pour le 3bis, pas de conte ou de film, mais le Boss lui a promis un ….pt’it rôle.

Les Gars sont sauvés et vont pouvoir fêter leur grand-messe : le Tournoi de Pâques.

Le match ? Enfin un beau match.

Avec une vraie équipe. A l’arrière, la vieille garde enfin reconstituée avec les 2 grognards Cédric et Mat pour soutenir les jeunots Martin et Tanguy et sécuriser Anthony dans les cages, et au milieu la moyenne garde confirmée avec les 2 grognards Bibi et Tony pour lancer les flèches Rom, Greg, Vince et Léo.

Ben oui, on a perdu de peu, ric-rac (d’où l’excellent titre …..).

Des regrets ? Oui, mais pas sur ce match, pas sur cette équipe.

Mais avant. Et longtemps. Et souvent.

Imagine Gégé au milieu et Julien à l’arrière en plus ! Imagine. Tiens justement, ils sont venus voir. Des pros.

P…..de coup-franc.

Et pis on est rentré.

AN