Plonévez-Lanvéoc

On a perdu nos bases devant Lanvéoc

Alors que, à la fin de la partie, je m’abîme dans de profondes et tourmentées cogitations pour tenter de trouver un titre flamboyant à un match qui ne le fut pas, le philosophe-joueur Gégé, jamais à court de basse flagornerie à mon égard, me susurre à l’oreille :

« On a perdu nos bases devant Lanvéoc ».

Je suis surpris. Je suis étonné. Je suis stupéfait. Il me balance UN titre en pleine poire. SON titre. Il veut en faire LE titre. Au débotté. Il ose. Il vient piétiner mes plates-bandes. Il veut me couper l’herbe sous le pied. Avoir sa place au soleil. Me provoquer. Me braver. Me déstabiliser. M’humilier. Il ne manque pas d’air le Gégé. Gégé le Téméraire qu’on va l’appeler. J’ai peur d’avoir affaire à un malfaisant, un vautour, un charognard, un Attila. Me piquer mon titre. Me faire ça à moi. Je chagrine. Je cafarde. Je neurasthénise. Je mélancolise. Il serait capable de piquer ses orchidées à miss Blandish, ses sonates à Mozart, et sa cage à Faraday. Rien ne l’arrête.

Mais je me reprends. Je vais pas me colleter avec ce branque. Je me calme. Faut être objectif, le titre est bon. Je reconnais le talent. Ça aiguillonne. Ça aguiche. Ça émoustille. Tout d’un bon titre. Faut négocier.

Certes, en lisant assidûment mes textes, il a appris le bon mot, la périphrase, l’alexandrin et la rime riche. Certes, en m’écoutant parler, il a acquis le vocabulaire et l’alphabet. Certes, en me parlant, il a découvert la verve et l’éloquence. Mais il a de la répartie le bougre. Il a bien appris, bien écouté, bien retenu. Je ne suis pas jaloux. Je le suspecte quand même d’avoir besogné durant les jours où, blessé, il était sur le carreau.

Evidemment, le manque de spontanéité, l’absence d’improvisation, le défaut d’impulsivité ternissent un peu l’éclat de son trait d’esprit. Personnellement, dans le contexte de cette fin de match insipide, j’ai du mal à rassembler mes idées. Ou du moins à les maitriser, tant elles, comme d’habitude, se télescopent, s’entrechoquent, se bousculent. Et là, le coup de Jarnac. Car, finalement, en étant objectif, ce trait d’esprit est un peu le mien. Je l’avais sur la langue ce joli calembour. Je le sentais. Je l’avais en bouche. Mais sans doute était-il un peu léger, était-il trop primaire pour qu’il ne s’imposât point. Finalement, il faut reconnaitre que cela relève plus de l’Almanach Vermot que du Larousse de la Langue Française. Alors je me félicite de ne l’avoir pas eu. Je le garde et, bon prince, lui en laisse la paternité. L’éternité jugera.

NDLR : pour les ignorants, rappelons que la base aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic ou BAN Lanvéoc-Poulmic est une base d’aéronautique navale de la Marine Nationale, située au Poulmic, à Lanvéoc, Finistère.

D’où le jeu de mot ………

Le match ?

Celui contre Plomodiern avait laissé des traces.

Trop d’absents.

Un autre blessé.

Heureusement Fauvel.

Il faisait froid et gris.

L’entraineur qui, frigorifié dans sa cahutte, se mit à courir sur le terrain, avec son numéro 13, sembla à un moment vouloir rentrer directement au vestiaire …..

Salut à Jérôme et Fanch venus en curieux. Des buteurs ceux-là. Nostalgie.

Et pis on est rentré.
AN