Plonévez-Pleyben

Les culs rouges

A Quimper, il y avait les bonnets rouges. A Carhaix, il y avait les nez rouges. A Plonévez ,il y avait les culs rouges.Le rouge aux joues par l’émotion, le rouge au front par la honte, le rouge aux yeux par la tristesse, le rouge au nez par le froid et maintenant le rouge au cul par la fessée ! Le bonnet, faudra se le carrer sur l‘arrière train.

On se disait, Pleyben, on va les ratatiner comme une galette…..de Pleyben.. On attendait, on désirait, on escomptait, on espérait, on supputait, on augurait, on envisageait, on résumait ………Halte au feu. Terminé les fessées, les raclées, les volées, les tannées, les pâtées, les saucées, les rossées, les dégelées, les loupées, les dérouillées…..Ah mais, cela suffit. Nous voulons aussi, comme tout un chacun, manger à la table des victorieux, partager le vin des gagnants, se faire une place au soleil des vainqueurs, être invité à la grand’messe des winners.

Cela va changer. On n’est pas condamné à perpétuité. On va sévir. On va réprimer. On va châtier. Aux quatre coins du terrain, on va les retrouver, façon puzzle. On va leur montrer ce qu’est une défaite, une vraie. Question torgnoles, on est devenu professionnel. Les gamelles c‘est notre rayon. On est comme qui dirait, une encyclopédie des déculottées. Mais terminé les claques, les vestes. On va leur en tailler une, de veste, et sur mesure, façon British, sans faux-pli, avec le drapé et le plissé, genre Per-Imper à la Humphrey Bogart Habillés pour l’hiver qu’ils seront.

On va leur chanter l’Internationale : Debout ! les damnés de la poule B ! Debout ! les forçats du championnat ! C’est la lutte finale……

On va leur chanter la Marseillaise : Aux armes citoyens……..

Eeeeeeeeeeeeet un coup-franc de Pleyben ….

Eeeeeeeeeeeeet un deuxième but en deuxième mi-temps,

Aux larmes citoyens ……

Et nos occases qui échouent au ras du poteau, dans le gants du gardien …..


Et voilà le cul qui devient rouge avec cette nouvelle fessée. Si tu vas voir le docteur, il ne comprendra pas les causes de cet érythème fessier de l’adulte. Il a pas appris. C’est pas dans les livres. Faudra que tu lui expliques. Il te donnera une pommade apaisante, pour pouvoir t’asseoir jusqu’à dimanche prochain.

Mais là les gars, faudra changer. On en a marre de jouer les Peaux-Rouge.

Dans les western avec John Wayne, Dean Martin ou Robert Mitchum, les Peaux-rouge perdaient toujours. C’est normal puisqu’ils scalpaient les cow-boys prisonniers, et abusaient des prisonnières. Enfin la prisonnière, car il n’y avait qu’une femme par film. Je néglige les danseuses du saloon en justaucorps rouge et bas à résille noir, entrevues à la sauvette, par un plan large du saloon. Je néglige les squaws qui sont là que pour faire vrai. Non mais je parle de l’héroïne, la blonde platinée commak, façon Jean Harlow ou Jayne Mansfield. Celle qui allait être capturée par les Peaux-Rouge, enroulée dans un tapis de tipi et jetée en travers du cheval jamais sellé, à cru, du jeune Peau-rouge, le chef, avec ses tatouages guerriers sur les joues émaciées. Oh elle se débattait, se démenait, tapant des ses petits poings fermés pour se délivrer, chose qui nous semblait bien hypothétique, plutôt promise à être l‘objet des derniers outrages, ou du moins c’est ce que l’on supposait. Ce qui déclenchait la légitime colère des cow-boys, lesquels lançaient leur chevaux au triple galop, à bride abattue, c‘était l‘expression consacrée, sans mettre les étriers, avec force coups d‘éperon, soulevant des nuages de poussière, avec la pluie ça ne marche pas, et accompagnée par une mélodie de trompettes mexicaines, ponctuée d’onomatopées glapissantes, preuves de leur fureur, sur la piste des Wig-Wams pour massacrer ces cons de Peau-rouge qui avaient oublié d’éteindre le feu et discutaient inconsciemment, dans la nuit noire autour de ce feu avec des flammes rouges et jaunes, visibles jusqu’à au moins Paintfull Gulch, ville des cow-boys énervés et de la blondasse kidnappée. Ils discutaient donc en langage indien et en fumant des calumets bourrés d’on ne savait quelle substance et en sirotant de l’eau de feu, ce que qui leur faisait perdre toute prudence, d‘autant qu‘on arrivait à la fin du film, et qu’ils auraient mieux fait de détacher la blonde à forte poitrine, d’éteindre leur feu et de se barrer vite fait. Mais non. Et la fin était féroce avec des flèches qui transperçaient les poitrines, les coups de revolver qui faisaient pirouetter leur cible comme s‘ils avaient été heurtés par un 4x4 démunis de freins , les hennissements des chevaux qui se cabraient juste devant la caméra avant de chuter sur la flanc avec encore un nuage de poussière, le cow-boy malchanceux resté accroché par un étrier au cheval et tous deux disparaissaient au grand galop à gauche de l‘écran, et le jeune chef peau-Rouge qui malgré une vilaine blessure avec du sang dessus, arrivait à s’échapper, et la blondasse qui était délivrée juste avant qu’un Peau-Rouge ne l’égorgeât avec un couteau plus grand que mon bras mais qui avait scintillé sur une flamme de leur foutu feu avant que d’entamer la chair tendre du cou de la-dite blondasse, alertant le chef cow-boy qui d’un seul coup de revolver arrivait simultanément à tuer ce sinistre personnage, faire sauter le couteau et couper les liens enserrant le corps sublime de la prisonnière. FIN. Ils n’avaient que ce qu‘ils méritent. Remarque depuis que je suis devenu un senior (vieux), de petite taille (1m70) mal voyant (binoclard), on ne doit plus dire Peau-Rouge, à la rigueur Indien, et encore …. Amérindien. Mais nous au cinoche, on leur en voulait pas aux Peaux-Rouge. Ils étaient les méchants, c’est tout. Ils n’avaient qu’à prévoir. Et quand la blonde sculpturale, façon rosière, sur le pas de la porte du ranch, en robe de daim, fendue, avec des lacets de cuir, laissant entrevoir en haut la naissance d’une poitrine généreuse et laiteuse et en bas le galbe harmonieux d’une cuisse d’albâtre, bref quand l’héroïne disait au revoir de la main au cow-boy salvateur , ah nom de D… de nom de D…, on était John Wayne en rentrant à la maison et la mobylette bleue avec la double selle en simili cuir-peau de panthère, c’était un p…..de cheval. Bon manquait la blondasse……

Bon. Je reviens à notre drame : sur 6 matches de championnat 4 nuls et 2 défaites . Désolé mais ça fait mal. Et tout est rouge : le bonnet, le nez, les yeux , le cul, et en plus on est dans la zone rouge, la zone de relégation. Même les clignotants sont au rouge.

Je vais avoir du mal à trouver l’inspiration : va t’en décrire 3 buts en 6 matchs. Forcément je vais me répéter. Je vais ennuyer. Je vais lasser.

Alors une nouvelle déculottée empourprait façon écrevisse nos fondements délicats. Cela ferait mauvais genre. J’ai pas envie de finir Peau-Rouge.
Et pis on est rentré.

AN