Plonévez-Plounévézel coupe Bretagne

Plounévézel : quatre-un, c’est le refrain.

Je vous ai relaté dans Carhaix-Plonévez les effets de voix du mandarin local portant aux nues les vénérés sponsors. Avec une verve …..
A Plonévez, pour la réception de Plounévézel, c’est le silence. Le baffle est oublié. Paulo-La-Voix-D’or est absent. Je vais me fâcher. En hommage, je mets ici la photo de mon ami le baffle oublié (oui, c’est du masculin, c’est enceinte qui est du féminin NDLR), et puis celle de Paulo dont le filet de voix me faisait chavirer… « Bonjour, bienvenue au sta%£=+ YvesBég§^+¨% pour la rencontruiuiuiiiii de coupe de Bret*3-%/?§µ… pfffffuuuuiiiiittt agne. Voici la ¨°?%£),$§ des équipes ......en gruméro un, euh, groouuiikkkkkk» oui il y avait de petits problèmes de sono, mais Paulo savait tout régler.



Un heure et demi plus tard, c’est la victoire.
Là on atteint le bonheur. Car pour le bipède houblonnophage dans sa variété Coreffivore que constitue le supporter de foot, la satisfaction c’est de voir son équipe marquer, le plaisir c’est de voir son équipe gagner, le délice c’est de voir l’adversaire perdre et le bonheur c’est quand ça se passe chez l’adversaire, car il ne lui suffit pas d’être heureux, encore faut-il que les autres soient malheureux. Quand tous ces conditions sont réunies, mais surtout les trois premières, le supporter succombe à une pathologie aussi obsessionnelle que machiavélique, s’enquérir d’un breuvage bulleux, malté et fermenté, auprès du tavernier local sans débourser un liard, que ce soit chez lui ou en pays ennemi. L’homme devient alors grondeur car à la fois victorieux et assoiffé.

Il tope par surprise son buteur, avec un grand coup sur l’épaule, l’interpellant d’un « alors là, tu l’as bien allumé le gardien…chapeau, ton but, j’savais que t’étais un buteur, c’est dans tes gênes.. ». Bon, le garçon est sympa, sait que l’autre l’a traité de traîne-savates, de pied-carré, de pied bot, de gaucher maladroit et de droitier gauche, de manchot des pieds, de pachyderme aux pieds plats, de protozoaires aux semelles de plomb, de plantigrade boiteux, de mollusque palmipède, tout au long du match, mais il est poli le gars, et pis il l’a vu trop tard…..pouvait plus l’éviter. « Reviens, je te paye un coup… ah bon t’as un ticket gratuit…t’as pas deux par hasard .. », mais le gars est trop loin, très vite et très loin, et ne l’entend pas, plus…..« Halte là garçon de café, ces verres ne sont pas à moi, baissez le ton, petit limonadier de banlieue, vous parlez à un supporter victorieux ».


Et là, il se rabat vite fait vers un supporter de son équipe, un ami dit-il. Il le coince contre le bord du comptoir de l’estaminet local, pour l’obliger à écouter son verbiage analytique qui mélange l’état d’esprit du groupe, le jeu en profondeur, la dynamique de la gagne, l’injuste descente en D2, le score sévère mais juste, le coaching intelligent. Puis il déclare emphatiquement accepter le verre de l’amitié qu’aurait proposé l’aimable supporter. Mais le temps de héler le buvetier local, le gars a disparu. « Que je paie ces deux verres ?…vous vous méprenez barman, je n’ai point passé commande…comment je me fous de votre g…..un peu de savoir-vivre aubergiste de quartier, vous parlez à un supporter victorieux » .


L’agacement commence à se manifester chez le supporter. Il doit alors se rabattre sur une espèce peu encline à la gratuité, le dirigeant local, facilement reconnaissable à sa traditionnelle et ample pèlerine aux couleurs du club. En terrain ennemi, et après la défaite infligée, la quête de l’élixir gratuit relève du fol espoir. A domicile, on peut, dans l’euphorie générale repérer le dirigeant étourdi par la victoire et lui extorquer le verre convoité par la flagornerie servile « Doucement tavernier, ce verre m’est offert par …comment, il ne vous a rien dit…m’accuseriez-vous de fourberie…un peu d’obligeance petit gargotier rural, vous parlez à un supporter victorieux ».


Avant de partir, il lance un regard panoramique sur l’assistance et tente de trouver un supporter de l’équipe adverse, la proie ultime. Il le flatte en le félicitant d’avoir laissé les tâches ménagères pour venir au stade. Il le taquine en saluant son courage d’être venu voir ses danseuses. Il le chambre en consentant l’égalisation à 1 - 1 sur une phase de jeu chanceuse. Il le charrie en lui montrant la faillite de ses protégés et les 3 patates encaissées. Et, ultime touche, il lui suggère de fêter cela d’une boisson fraîche, mousseuse et sans faux-col. Hélas, la politesse se perd. L’homme se dérobe. « Non maître d’hôtel, je n’ai rien commandé ! Tous ces verres là ? Sont pas à moi…un peu d’éducation, petit brasseur de bourgade, vous parlez à un supporter victorieux ».


Le supporter désabusé regagne son logis, lui et sa pépie.
Et pis nous, on est rentré
AN