Plonévez-Plounévézel octobre 2015

Plonévézel nous les gêle !
On avait pris une correction en Coupe de Bretagne. Une bonne baffe. Un 4 - 0 sec. Ce dimanche, on les reçoit , en Championnat. Et on ne veut pas de baffe. Je ne sais si c’est le froid sibérien, quasi polaire qui en est la cause, mais y a eu erreur. Ils ont compris "pas de baffle". Qui ils ? mais eux là, les empaffés du bureau des Gars. Le cerveau gelé, ou le sonotone en panne, et c'est la catastrophe, la tragédie, le naufrage...... .
La température glaciaire, la bise glaciale, la pluie glaçante ….. et pas de baffle ! Pas de bonjour suave, pas d’annonce distinguée, pas de musique exquise…….Le silence.
PAS DE BAFFLE !!!!!!
A l’instar d’Apollon, le dieu Grec du chant, de la musique et de la poésie, la baffle est considérée par les membres du bureau des Gars comme la représentation symbolique, la perception matérielle, l’incarnation terrestre de la déesse de l’acoustique musicale et de l’annonce publicitaire. Les membres du bureau des Gars lui reconnaissent une dimension sacrée, une valeur capitale (surtout le trésorier) et lui vouent une dévotion quasi fétichiste. Le dimanche après-midi, et quelquefois le samedi, elle est sortie de son douillet logis, portée par un membre du bureau accrédité à cette tâche, un homme jeune, vigoureux, propre sur lui, placée à côté de la buvette, la station thermale des Gars, et tournée vers l’ouest, vers le coucher du soleil, pour porter au loin les ondes sonores jusqu‘à la fin du jour.
Sur ces deux excellents clichés, tirés de ma superbe collection particulière à moi que j‘ai, l’on distingue la baffle dans son habit de gala, surmontée, hélas, d‘une inscription, certes utile, mais triviale et déplacée. Nous y reviendrons..


Comme le héraut d’arme à la trompette annonce les chevaliers rentrant dans la lice, la baffle, après quelques mots d’accueil, annonce la composition des équipes qui vont prendre part à la joute, les noms des généreux donateurs de ballon, ainsi que les noms du spécialiste des Lois du jeu, rémunéré, et de ses deux assesseurs, non rémunérés. (NDLR d’après le trésorier). A la fin de l’affrontement, la baffle confirme le résultat, officiellement, et apprend à toute l’assemblée réunie autour d’elle, et aussi, et surtout, autour de la buvette, les résultats des autres confrontations. En fin de journée, elle est cérémonieusement ramenée dans son reposant gîte par le membre du bureau accrédité à cette tâche, un homme jeune, vigoureux, propre sur lui, sous le regard comptable et soupçonneux du trésorier.
Qui n’a pas entendu ce son nasillard, aigre, sourd, voilé, chuinté, ne peut comprendre l’explosion des suicides de taupes tous les dimanches après-midi, ou la recrudescence des déjections de corbeaux et autres pigeons sur le terrain. On raconte même que la migration des hirondelles en est fortement perturbée, plus que par le réchauffement climatique, ou les gaz d’échappement des véhicules Volkswagen. Passons sous silence son incidence sur le trou dans la couche d’ozone, plus importante que celui dû aux flatulences des bovidés, c’est dire. Faut reconnaître, c’est du sévère.
Qu’importe, outre ces dimanches de culte, des cérémonies sont organisées en sa présence et c’est l’occasion pour les membres du bureau des Gars de se retrouver dans des banquets et toutes sortes de spectacles, plateaux techniques, séances d’entraînement, tournois, goûter, gueuleton, casse-croûte, méchoui, festin, pique-nique, brunch, collation, frichti, fricot, dîner, réveillon, sans compter toutes les réunions de travail dînatoires, spectacles où la baffle a tout son rôle et toute son importance, et sa place (à côté de l'inscription... ).
Mais en ce jour de tempête glaciale, la baffle n’a pas été sortie.

Déjà, par temps incertain, ou légère bruine, elle est coquettement recouverte, précaution élémentaire, d’un gracieux sac-poubelle noir. Cela lui confère une apparence quasi humaine. L’artisanat maison, le savoir-faire local, la précision ancestrale, nos dirigeants ont tout inventé. Figure rassurante, présence familière, compagnie avenante, elle est là, paisible.


Mais aujourd’hui, la baffle n’a pas été sortie. ELLE N'A PAS ÉTÉ SORTIE !!!!!!!

Faut reconnaître que sa position avec l’inscription sur le mur n'est pas très raffinée et peut prêter à confusion. D'une part une envie pressante, une lecture hâtive de la signalisation, un fil électrique dénudé et c’est le drame ! D'autre part, la baffle subit le voisinage indélicat de cette inscription triviale. Certes l'urgence prime. La signalisation se doit d'être précise, utile, compréhensible. Mais cela n'exclut pas l'esthétique, le bon goût, la tendresse. "Toilettes" eût été plus élégant, tout en restant explicite, même dans l'urgence. Et la baffle s'en serait trouvée valorisée.
Non, mais aujourd’hui, le co-président a craint l’averse cinglante entraînant le court-jus fatal, ou la turbulence cyclonique provoquant la chute dommageable, sans compter les dégâts à long terme comme la rouille du pied ou la perforation de membrane, ou pire, la mérule de la caisse, tant redoutée par les speakers professionnels. Le deuxième co-président a obtempéré. Le trésorier a condamné lui-même, avec force clous, pointes et vis, la porte du local où est remisée la légendaire baffle. Le trésorier-adjoint a approuvé. Le secrétaire a transmis les ordres par les réseaux sociaux, ne pouvant évidemment faire une annonce au micro vu que … bon. Le secrétaire-adjoint n‘a rien dit. Il n‘était pas là. Pourtant il avait là, une bonne occasion de sortir sa célèbre polaire rouge, assortie à sa non moins célèbre parka rouge..
On a donc démarré dans un silence sépulcral, je ne vois pas d’autre mot. Mais heureusement, parce qu’ils auraient pu nous mettre la chanson de Titanic, interprétée par la canadienne bramante, et là, j’crois que j’aurais pas tenu. Y a des limites !
Les gars, chaud-bouillants, ont salué pour réchauffer l’atmosphère, allumer le feu, chauffer les spectateurs.


Et il a donné le coup d’envoi ... coup de sifflet strident déchirant le silence.. .
Et pis, le but dans un silence de mort .....et la mi-temps au coup de sifflet…....et la fin avec le coup de sifflet trouant le silence..... .et pis le silence.....
Et pis on est rentré.
AN