Plonévez bat Saint Renan


Ah, me voilà revenu aux commandes du vaisseau des Gars. Un vieux rafiot, à quai durant de si longs mois, mais désormais guéri de ses boiteries, remis à neuf, briqué de la proue à la poupe, battant pavillon « Les Gars de Plonévez du Faou ».

Le petit billet de l'amiral es cadres, des Amériques, m'a fait chaud au cœur. Bon, Christophe Colomb est passé avant, mais lui, il ne m'a pas adressé de carte.

Car, me voilà bosco, seul maitre à bord, ayant écarté les fâcheux et les grincheux, ceux qui prédisaient le naufrage de la « A » en D1, les foireux et les péteux, ceux qui annonçaient la mutinerie de la « B » en D3, les calomnieux et les haineux, ceux qui prédisaient l'échouage général en fin de saison. A fond de cale les grincheux et hissons la grande vergue, le navire des Gars est prêt à appareiller.

Jean-luc, tu peux être fier de ton mousse. J'ai gravi les échelons, certes, mais je sais à qui je dois mes galons.

Je me précipite tôt au terrain, car les filles, pardon ces dames, entendent disputer une joute footballistique sur les coups de 12h30. Tant pis pour le poulet-frites, j'avale une petite souplette et je fonce au stade. Durant ces derniers mois, j'ai fauté. J'ai négligé ces divas du ballon rond. J'ai les boules. Les reconnaitrais-je ? Le doute m’habite.

Si, il y a quelques anciennes. Mais ma mémoire, hélas, me joue des tours. Pas autant, cependant que ce petit tour que l'une de nos walkyries joue à la gardienne nordiste. Un but tout en finesse, plein de délicatesse, débordant de justesse, pétri d'adresse. Ce but sagace, agace en face. « Lucy in the sky with diamonds » chantaient le Beatles. Oui je sais..... c'est loin, mais c'est joli.

Victorieuses, elles m'interpellent avant le début du match de la « B ». Je soupçonne Louise, et je n'ai pas tout à fait tort, d'avoir poussé le groupe à me solliciter de façon aussi cavalière, mais leur demande est bien naturelle, elles viennent de gagner, et j'accède bien volontiers à leur légitime requête. Poser pour la gloire, pour la postérité, mais pour rien.......

Car, mesdames, il est dans la tradition, il m'est délicat de vous le rappeler, mais il est d'usage, il est de coutume dans ce cas-là, d'offrir au photographe la Coreff du dévouement, pour services rendus. On appelle cela un pourboire, un pourliche, un pot-de-vin. On arrose. Tu vois, ça se fait, puisque il y a les mots. Hélas, mon gosier est resté sec. J'évoque, je balance pas. Je dois constater mesdames, que ceci constitue une indéniable faute de goût, une bévue malheureuse, une indélicatesse irrespectueuse que pourrait expliquer l'euphorie de la victoire, ou mon absence prolongée, ou l'ingénuité de l'équipe, va savoir. Mais cette faute de goût, vos aînées, Isadora et Noémie ne l'auraient certainement pas commise. Il y avait chez elles cette distinction, cette classe, cette prestance qu'on ne rencontre que chez les altesses et les dames d'honneur. Le petit doigt levé pour boire le houblon, le teint porcelaine malgré l'effort, le cheveu soyeux malgré les coups de tête, le rimmel impeccable malgré la sueur, avec un nuage de Chanel N° 5 renouvelé à la mi temps. Oui, le port majestueux malgré la lassitude, ces dames assuraient.

Il m'a semblé entendre la voix de Paulo gronder dans les nuages. Car lui aussi, savait les bonnes manières. Il avait la Coreff facile. Un prince.

Et elles ont gagné on a gagné. Alors à la prochaine …..

Je ne réitère pas mon avertissement à la camarde. Qu'elle se tienne à carreau, à distance. Je n'appellerais pas les gens d'armes, mais je lui botterais le cul personnellement,. malgré mes rhumatismes,ma vue basse, ma petite taille et ma lâcheté coutumière.

Et pis on est rentré.
AN

PS : Oui on est rentré au bout d'une mi-temps, car la « B » joue tout à l'heure en machin challenge contre Pont de Buis. A voir dans mon exxccellllent article Plonévez « B » - Pont de Buis « B ».