QuimperKerfeunteun-Plonévez nov 2015

Même Kerfeunteun, P….. !

Ah enfin, il est arrivé, mon bréviaire, mon missel, ma bible, mon grimoire. Le catalogue des Gars de Plonévez du Faou. C’est la vitrine du club, avec les équipes, les joueurs, les dirigeants, les sponsors, les responsables d’équipes, les groupes, les horaires de match, les téléphones, et l’organigramme des Gars. Ah l’organigramme des Gars. C’est la liste hiérarchique des dirigeants. C’est le Politburo, le Præsidium du Comité central, le Bureau Exécutif, le Gouvernement, la Cour. Des noms connus, d'autres moins connus, des nouveaux, et même des femmes. D’une année sur l’autre tu peux suivre l’évolution des têtes pensantes, des activistes de tout poil, des affairistes de salon, des manipulateurs de cabinet, des tripatouilleurs d’antichambre. On peut y voir la disgrâce de l’un, la promotion de l’autre, l’intronisation d’untel, la titularisation d'untelle, la rétrogradation de truc, la pérennisation de machin, et même l’avènement du divin enfant. Des postes sont créés, d'autres supprimés, d'autres gonflés. Cherche pas à comprendre,le droit de vote, ils connaissent pas.

Déjà 4 mois que l’équipe de foot 2015-2016 joue. Car cette mise en place demande du temps, ne se fait pas dans la facilité. Il faut d’abord trouver le sponsor sur le maillot. Ils ont démarché un ancien joueur, qui tient boutique sur la place. Ils lui ont fait miroiter les effets bénéfiques qu’aurait le maillot floqué à l’effigie de sa petite échoppe, sur la vente des bouchées à la reine certifiées pur veau ou celle du pâté « grand Alexandre » au potiron et à la châtaigne, pâté que je vous recommande avec ferveur. Appâté de bonne foi (!)…. il a signé. Et le voilà sponsor officiel des Gars ! Sur le maillot !

Puis je découvre la pyramide institutionnelle. Conclusion des guerres fratricides, des luttes intestines, des pugilats homériques, des guérillas sournoises, des attentats surprise, des félonies vengeresses, des dénonciations scélérates, des calomnies vénéneuses. Le tout à base de lettres anonymes malveillantes, de sex-tapes ignobles, de SMS fielleux, de tweets venimeux. Incroyable, impensable, benzémaginable.

D’abord nous avons une direction bicéphale. Paulo 1er partage le pouvoir avec Philippe B. Le Bel, jusqu’ici co-vice-président. Cohabitation aimable, flirt passager, copinage douteux, guerre fratricide, association contre nature, passage de témoin ? Le doute m’habite (oui, je sais …mais celle-là, je l'aime bien). Enfin ils sont deux. Ils dirigent en duo, en tandem, en couple, en paire… peinard.

Deux nouveaux vice-présidents, sur quatre, sont du sexe féminin. C’est bien. Il en faut. On en a. Vice-président, c’est une belle promotion. Sympathique. Charmante. Elles devraient s’en contenter. Car, faut reconnaître, la présidence, c’est autre chose. Il faut du savoir et de l’expérience, et de la virilité pour imposer ses choix, et une voix de stentor pour les exprimer, et un vocabulaire de charretier pour les communiquer. C’est testostéronément masculin. Si, si n’en déplaise aux féministes pures et dures. On dit bien un chef. Une chef ça n’existe pas. Sauf cheftaine, mais c’est chez les scouts, avec le drapeau, le foulard et le totem. Ou dame-patronnesse, mais ça c’est pour les claques, les bobinards et les sacristies. Certes, j’ai connu, par le passé une présidente, qui a marqué l’époque des Gars par sa classe, sa distinction et son talent. Sa canonisation est en cours. Mais c’est l’exception, faut être objectif.


A noter le retrait de JLP, qui devient l’adjoint d’un talentueux et ambitieux jeune homme, promis à un bel avenir, s‘il sait maîtriser ses prétentions et limer ses dents qui rayent déjà le parquet. Jean Luc P…., homme de l’ombre, homme de devoir, homme de rigueur. Celui qui, depuis le début, tient à bout de bras ma chronique, ignorant les remarques acerbes, méprisant les lettres assassines, refusant les compromissions serviles, faisant de son corps athlétique, sculptural et même herculéen, l’ultime rempart face à aux calomnies malintentionnées, véritable muraille de cervelle et de muscles. Ici comme partout, il y a les aristocrates et les parvenus. Lui, c’est du noble authentique, avec du sang bleu, héritier sans doute de Clovis ou de Louis le Pieux. Comme je lui ai toujours dit « Toi, Jean-Luc, tu es fait pour les duchesses et les Rolls, moi pour les shampouineuses et les pinces à vélo.» L’homme veut prendre du recul. Respect. Il va se consacrer, m’a t-il dit, à l’écriture des ses mémoires « secrétaire: secret se taire », à la publication d’un almanach de blagues et calembours person-nels « Le dernier des Moïco », et à la réalisation, en Italie, musique de Ennio Morricone, de son film au titre évident « Mon nom est Person ».

Et puis il y a l’inamovible trésorier, serrant fiévreusement sur son cœur de trésorier, c’est à dire de pierre, la petite boite en fer, ayant contenu des crêpes dentelles, il y a une bonne décennie, désormais lestée chaque dimanche de la maigre recette du match, destinée à payer les bouteilles d’eau, les baguettes du casse-croûte et la tranche de pâté de foie, et son plein d’essence pour aller chercher les baguettes le dimanche matin, sans oublier son Black Jack à 2 euros, puisque c’est dimanche.

Et puis l’armée des GM, gentils membres, 21 personnages ordinaires, mais ô combien indispensables au bon fonctionnement du club. GM mais aussi PM, Petites Mains, qui, dans l'ombre, s'affairent sous l’autorité des chefs, autorité qui, comme disait Audiard, « conduit les empereurs sur les rochers et les célibataires dans les cuisines ».

Et le match. Me voila à Quimper, ma ville natale où j’ai vu le jour et qui m'a vu naitre le jour de ma naissance… bercé par les exploits des noir-et-blancs, et la tribune en ciment de Kerhuel, et puis celle de Penvillers, morne plaine. Restent les projos, ombres fantomatiques d’un glorieux passé car l’existence d’une équipe de foot à Quimper sous le nom de Stade Q n’est pas un mythe, c’est une légende. C'est à dire qu'il y a du vrai au départ, après..... .

Et la tribune où les ectoplasmes ont succédé aux supporters…

Une petite image symbolique, à l'approche du 11 novembre, à l’entrée des gars sur le terrain synthétique. AN : un photographe réaliste, un poète surréaliste. L'œil et la plume (NDLR).

Terrain synthétique avec une ligne bleue, m’évoquant Jules Ferry : « … en face de cette ligne bleue des Vosges, d’où monte jusqu’à mon cœur fidèle la plainte touchante des vaincus ». Oui, des vaincus, c’est encore nous, les vaincus.

On n’a pas payé notre entrée, certes, mais on n’a pas volé notre sortie.
Et pis on est rentré
AN