Roudouallec-Plonévez "B"

Roudouallec ou Gourin. Marre des chagrins.
Gourin ou Roudouallec. La décision est correcte.



D’un côté l’équipe « fanion », de l’autre la « réserve ». Un peu le Grand Cru et le vin de Pays.
D’un côté, match à 13 heures, de l’autre à 15 heures. Un peu le sandwich jambon-beurre sur le pouce, contre le poulet-frites paisible.
D’un côté un stade des années 60 avec piste d’athlétisme, de l’autre une petite pelouse sympa, près des joueurs. Un peu le terrain avec la piste en cendrée contre le terrain avec la piste en soirée.
J’ai choisi d’aller à Roudouallec, petite commune de la Cornouaille Morbihannaise.


Je m’en félicite car il m’a été donné de voir, de mes propres yeux, oui, je préfère voir avec mes yeux, et puisque ce sont mes yeux autant m’en servir.
Donc j’ai vu le délégué officiel des gars de Plonévez, revêtu de l’auguste doudoune sacerdotale, porter majestueusement la sacoche médicinale, véritable officine ambulatoire, contenant en son sein une bombe de froid, vide par sécurité, quelques bandes de tulle et de tarlatane à usage herniaire ou fessaire, un flacon d’extrait de bourdaïne à visée purgative et un reste de tube de liniment décontracturant, mélange de poudre de mandragore et de teinture d’arnica, obscure mixture concoctée spécialement pour la « B » par un de ses joueurs féru d’art vétérinaire, de sciences médicinales et de pratiques druidiques.
Le délégué, préposé à la mallette d’apothicaire a la particularité d’avoir des autos marquées à son nom. On ne s’explique pas cette déviance. Peut être un traumatisme dans l’enfance, ou une névrose refoulée….. On ne sait pas.


Et la deuxième raison qui m’a confirmé dans mon choix roudouallecien, c’est ce premier but d’anthologie. Une louche effectuée à la perfection et tout en finesse par l’avant maître technicien Gur, que l’on surnomme ici Gürvan Klinsmann, et le petit lob effectué à la perfection et tout en finesse par le capitaine maître technicien Mat, que l’on surnomme ici Lothar Mat’haüs.


Le buteur, d’humeur fougueuse, limite rageuse, un brin malicieuse, brandit le poing vers le ciel en hommage à sa muse la Reine des Neiges, fille de Blanche Neige et des sept nains.


Puis le buteur, d’humeur conviviale, limite fraternelle, un brin affectueuse désigne alors au public, et au photographe éminent que je suis, l’initiateur de la sublime manœuvre, le promoteur de la divine action, l’instigateur de la magistrale démarche, Gur’ le passeur décisif, Gürvan Klinsmann le passeur millimétrophile. Acteur secondaire certes, mais au jeu subtil, élégant, gracieux, à qui le photographe se doit de rendre hommage.


Hélas, mon appareil photo se bloque sur le buteur. La pellicule sans doute. Ou un réglage funeste. Ou un fatal contre-jour. Ou l’émotion. Ou le parti pris. Ou la mauvaise foi. Ou la duplicité. Va savoir…… . Fâcheux contre-temps. Irréparable disgrâce du passeur décisif, voué à l’anonymat éternel.
Je suis contrit. Mais faut reconnaître que, sans omettre le passeur, on retiendra surtout le buteur. Le buteur seul reste dans l’histoire, pour l’éternité, jusqu’à la fin des siècles et des siècles, amen, comme aurait dit Sua Eminenza Don Giovanni Luca Person de Castelnuovo del Furioso. Une page du Grand Livre des Gars de Plonévez vient de s’écrire sous mes yeux, en lettres d’or, à la page de l’an de grâce 2016. Le banc Plonévézien s’émerveille du coté titanesque de l’exploit perpétré par la prodigieuse doublette, le prestigieux duo, le monstrueux binôme.


Exploit dont la représentation graphique côtoiera bientôt, au musée du Louvre, la Joconde, le radeau de la Méduse et autres petites pochades picturales. « Mat’ marquant le but » toile de 6 m sur 3 m, aquarelle genre arabesque, époque Byzantine, avec des dégradés et du clair-obscur. Cela aura de la gueule. En tout cas, c’est un but dont on parlera encore dans 100 ans, et je suis objectif…. .
Quand au deuxième, on le doit au jeune Arthur surnommé Arthur Griezmann, auteur d’un superbe tir plein d’opportunisme et qui se livre à un jovial entrechat façon « Danse avec les Stars » sous les vivats de la foule en délire. Le roi Arthur décroche le Graal….


Et pis les buteurs sont rentrés en chantant

Heigh-ho, Heigh-ho, on a fait not' boulot ! (sifflets)
Heigh-ho, Heigh-ho...
Heigh-ho, Heigh-ho, Heigh-ho, on a fait not' boulot ! (sifflets)
Heigh-ho, Heigh-ho, Heigh-ho, Heigh-ho, Heigh-ho, Heigh-ho, Heigh-ho, Heigh-ho,...


Et pis on est rentré
AN