Saint-Thois-Plonévez décembre 2016

Saint Thois nous est tombé sur la tête

C’est une … tuile pour les fêtes

On a toisé Saint Thois,

Fallait pas.

Dernier match de l’année 2016, dernier match de la poule aller de D2. Un match-référence. Un match dont on parle entre initiés au repas du foot, ou entre amis devant le sapin enguirlandé de frais, ou entre convives avant de claquer une bise à la voisine au premier janvier. Hélas…

J’ai souhaité, monsieur le juge, afin de vous aider dans votre décision, de porter à votre connaissance les éléments de l’horrible tragédie footballistique qui s’est produite à Saint Thois par cet après-midi de décembre 2016. 2 photos. Témoignages accablants. Illustrations affligeantes d’un après-midi cauchemardesque.
Monsieur le juge, j’ai là, tout d’abord, une photo du score. Photo prise à 15 heures 17 minutes 23 secondes, heure au méridien de Greenwich.

Monsieur le juge, j’ai également une photo du but vide, vierge, chaste, virginal, le but de Saint Thois en seconde mi-temps.

Monsieur le juge tenons nous aux faits. Le but vide et le score. Qui porte la lourde responsabilité de cet échec, je vous le demande, monsieur le juge.

Monsieur le juge, si j’évoque sereinement devant vous ce soir la position fragilisée de l’entraineur, c’est que cette position doit faire l’objet d’une appréciation sereine, d’une analyse placide, d’une évaluation paisible, d’une expertise franche, bref d’un jugement équitable. Le gibet, le poteau d’exécution et le bûcher érigés derrière vous ne présagent en rien de votre décision, pas plus que le rail de chemin de fer, le sac de plumes et le tonneau de goudron sur votre gauche, de même pour la hache, la guillotine et le tranche tête sur votre droite, quant aux fioles d’arsenic, de cigüe et de cyanure qui ornent votre bureau monsieur le juge, elles ne sont là que pour la décoration, cependant, faites attention à la cage du crotale qui est sous votre siège, à côté du sac d’amanites phalloïdes, ce n’est pas pour vous, c’est en attente. Je ne doute ni de votre intégrité, ni de votre honnêteté, ni de votre probité, ni de votre impartialité, ni de votre moralité, ni de votre équité. Vocables propres au prétoire. Vous êtes seul juge, monsieur le juge. Alors instruisons.

L’entraineur est-il coupable ? « Yes, yes, fuck the coach » hurle la foule, en ces termes effrontés que nous traduirons par « oui, oui, dehors l’entraineur ». Examinons les faits sereinement. Oui, car il n’a pas incité l’équipe à marquer un ou même deux buts, ce qui aurait évité la défaite. Cela nul ne peut le nier, sauf les fous, les fous à l’nier bien sur. J’ai longuement étudié cette problématique sportive à la lumière des dernières saisons et à la lumière de ma lampe à pétrole, mais les statistiques le disent, en marquant plus de buts que l’adversaire, on perd rarement. Donc, oui, l’entraineur est coupable. « Fuck the coach, fuck the coach » hurle la foule trépignant de, dans l’ordre, le passer par les armes, le pendre haut et court, l’immoler par les flammes, et lui faire subir les derniers outrages.

L’entraineur est-il responsable ? « Yes, yes, fuck the coach » hurle la foule, en ces termes irrévérencieux que nous traduirons par « oui, oui, dehors l’entraineur ». Examinons les faits tranquillement. Oui, dans la mesure où il n’a pas marqué lui-même, mais étant arrière il lui étaitdifficile de tirer au but, et objectivement il ne peut être au four et au moulin, mais il se devait de prendre la main, le mors aux dents, la balle au bond, son pied, et ses jambes à son cou. Donc, oui, l’entraineur est responsable. « Fuck the coach, fuck the coach » hurle la foule, brulant de, dans l’ordre, le passer par les armes, le pendre haut et court, lui faire subir les derniers outrages, et l’immoler par les flammes.

L’entraineur doit-il rester à son poste ? « No, no, fuck the coach » hurle la foule, en ces termes impertinents que nous traduirons par « non, non, dehors l’entraineur ». Examinons les faits paisiblement. Non, dans la mesure où, le poste qui lui a été attribué ne lui autorise la boisson gratuite, le poster dédicacé de Raymond Kopa et le remboursement de ses frais de route que sur présentation d’une attestation délivrée par l’un des deux présidents, avalisée par l’autre président, contresignée par le trésorier, paraphée par le trésorier-adjoint et inscrite au Grand Livre des Recettes par le secrétaire, avec l’aval du secrétaire-adjoint, sous la surveillance des membres du comité directeur, réuni pour l’occasion en séance plénière, en un lieu déterminé à l’avance et connu des seuls membres du comité directeur. Or l’entraineur n’a pas présenté cette déclaration. Donc, non, l’entraineur ne peut rester à son poste. « Fuck the coach, fuck the coach » hurle la foule, bouillant de, dans l’ordre, lui faire subir les derniers outrages, le passer par les armes, le pendre haut et court, et l’immoler par les flammes.

Les faits étant établis, la sanction étant posée, la place étant vacante, je pose officiellement ma candidature au poste d’entraineur. Mon analyse est sans appel. Oui inutile d’appeler. Il faut du changement dans les esprits, de l’innovation dans les comportements, de l’évolution dans les attitudes, de la réorganisation dans les conduites, de la mutation dans les manières, poil aux derrière. Oui, car, outre d’être l’homme de terrain honoré, le tacticien réputé, le technicien considéré, je serais aussi l’homme de la boutade et de la vanne à deux balles. Je suis l’homme qu’il vous faut, poil au dos.

Contre Saint Goazec l'équipe est triste.

J’arrive, et voila une équipe transformée, gaie, enjouée, primesautière. J’ai du génie, poil au zizi.

Ce qui importe, ce qui caractérise un bon coach, c’est l’objectivité et la justesse dans les choix. Il faut de la psychologie, alors, excusez du peu, mon neveu, mais je suis un psychologue reconnu, consacré, authentifié et certifié. Je suis un prince de la psychologie. Un seigneur. Pas besoin d’ordonnance. Mais attention, la situation est grave. J’ai voulu être diplomate, éviter les insultes et les invectives, prévenir la brutalité et les voies de fait, faire dans la courtoisie et la bienséance, mais le temps n’est plus au saint Chrême ou à l’Eau Bénite, la paix des braves a fait son temps, la barbarie est à nos portes, Attila et les Aliens. Face à la mutinerie, il y a ceux qui s’effondrent et ceux qui réagissent. C’est une question de tempérament et de vocabulaire. Je ne céderais pas à la violence physique, avec les corps à corps et tout. Je ne me laisserais pas aller à des propos désobligeants, avec les gros mots et tout. Psychologie oblige, je prône la pénitence et l’innovation. Je propose simplement une équipe, unie, uniforme, unitaire, unifiée, mon équipe, avec le slogan : « Quand c’est bon, c’est banania mais quand c’est très bon, c’est Trébuon ! ». Et ce n'est pas le fidèle Olivier qui me contredira......

Mes chers compatriotes, mes chers amis, mes chers camarades, mes bien chers frères, mes chers disciples, mon cher enfant, mon cher dauphin, mon cher prince héritier, bientôt les premières places en D2, la montée en D1 et demain la Ligue.....Je suis un grand génie et un grand géniteur..

Et pis on est rentré.

Mais, je cauchemarde, je délire, j'ai les fièvres. 2016 est passé. on est en 2017. Tout cela n'est que rêvasseries, déconophonies dues aux excès sans doute. C'était l'année dernière.

Bonne année 2017

AN