Spézet-Plonévez

Spézet d‘une pichenette.

Spézet nous accueille dans son nouvel environnement.

A l’aller on leur avait tenu tête, mazette ! Spézet la snobinette. Mais cette fois Spézet nous promet une brouette, une piquette, une casquette, une charrette, une savonnette, une branlette, une tringlette, une bicyclette. Spézet la starlette, avec aux manettes ses fines gâchettes et ses lance-roquettes, va nous conter fleurette, pousser la chansonnette, passer la balayette, nous en mettre plein les mirettes, nous passer à la moulinette et nous faire bouffer la moquette. Ca va être notre fête quoi !

Attendez les gars, c’est de l’humour. C’est juste pour la rime, pour faire joli, pour l’esthétique. Le texte faut qu’il soit gracieux, mélodieux, suave. Faut qu’il chante à l’oreille. Faut qu’il enjôle le tympan. Faut qu’il envoûte le sonotone. Et puis c’est plus facile avec Spézet qu’avec Lanvéoc-Poulmic. Parce que j’avais encore blette, simplette, levrette, pissette, burette, balayette. Mais j’ai pas réussi à les placer. Ah si, burette, je pourrais, pissette aussi, levrette plus difficile à placer. Mais bon, il faut savoir raison garder, faire simple, ne pas trop charger.

Bien sur je pourrais être académique, faire dans le standard, le conventionnel, le coutumier. Me rapprocher des classiques. Basculer dans le commentaire sportif :

« Voici les deux coachs, tendus, crispés, nerveux regagnant leurs bancs respectifs. L’on devine l’ampleur des enjeux dans l’attitude glacée de ces génies tacticiens. L’un, sans doute déséquilibré par le poids des responsabilités, a confondu le jour de l’ouverture de la pêche avec celui du match et a mis ses bottes de caoutchouc….N’est pas Arsène Wenger qui veut !»

« Et voici le corps arbitral qui va devoir gérer cette confrontation, être le chef de chœur d‘une chorale à vingt deux voix. Casaque rouge, il entre dans l’arène, portant l’objet du désir des vingt deux acteurs, sorte de Saint Graal, le ballon. Ou plutôt offrant le ballon aux 22 acteurs, comme on offrait une jeune fille vierge, au cratère du volcan en colère ! Faut reconnaître que, de nos jours, c’est plus facile d’offrir un ballon … ! »

Et là j’embraierais« potentiel », « identité collective »,« objectifs », « finition », « 4 -4 -2 », « entre jeu », « confiance », « doute », « promesse », « intensité », « dynamique positive », « décryptage ». J’utiliserai les vrais mots des vrais commentateurs.

Je serais un spécialiste. Je ferais partie du cercle fermé des péroreurs du foot, des baragouineurs du ballon rond., des soliloqueurs de surface de réparation. Je serais reconnu, authentifié, distingué, honoré. A moi les micros, les costars trois-pièces, les pompes en croco, les restau’ trois étoiles, les suitesroyales avec le kir du même nom. Je m’intéresserais à la personnalité des muses footballistiques, mesdemoiselles Nabilla, Zahia and Co. Et puis je noterais les joueurs pour leur prestation. Oui, on supprime les notes à l’école pour ne pas traumatiser nos pauv’ petits n’enfants. Par contre ici, tu peux y aller : Duchnock 4 sur 10 : de la volonté, de l’envie, a beaucoup couru, mais techniquement juste pour le niveau. S’est étiolé au fil du match. Alors en décryptant cela veut dire : joueur faible au départ et nul au final. Habillé pour l’hiver le garçon

Seulement voilà tu t’ennuies parce que cela tu l’entends à chaque fois. Dans ces causeries de poste, de coin de buvette, de bout de comptoir. Sur la toile cirée ou le formica ou le pin des Landes.

Alors que moi j’innove, je crée, j’originalise, j’avant-gardise, je non conformise, je romantise ! Je mets de la poésie. Certains rament, moi je rime. Mais au second degré. Faut prendre du recul, de la hauteur. Il m’est arrivé d’être mal compris. Cela a viré au drame. L’insulte, la menace, l’injure. J’ai connu. Alors m’sieur l’entraîneur, pardon pour les bottes et pour me faire pardonner, j’ai fait une petite correction. Esthétiquement, c’est beaucoup mieux !

Et puis on est rentré…AN