Plonévez-Plomodiern 20 déc 2015

Plomo et ....rideau !

Pour clore la poule aller, nous recevons Plomodiern et son sponsor idyllique « Ambulances-Pompes funèbres ». Nous, on a VotreMarché. Pas pareil.

Remarque que c’est une maison sérieuse, soigneuse, consciencieuse qui ne te largue pas en salle d'urgences mais te garantit l’aller et le retour. Royal Class à l’aller et Imperial Space au retour avec Nespresso à la demande, what else ? Satisfait ou remboursé. On n’a pas voulu les battre parce que, s’il est de notoriété publique que l’on ne tirât point sur une ambulance, le corbillard lui, a fortiori, se doit d'être impérieusement respecté. Je me rappelle avoir assisté au match Telgruc -Plonévez sur le terrain jouxtant le cimetière. Et bien c’est un voisinage calme et respectable qui influe sur l'ambiance.

La croix sur la droite de la photo. Heureusement il y a un grand grillage pour les ballons perdus… .

Donc, le sponsor incite à la mansuétude. Remarque, il y a quelques mois, on n’aurait même pas envisagé une victoire ou un nul, mais une défaite honorable. Le 0 – 1 classique, rageant mais incontestable, désespérant mais indiscutable, désolant mais irréfutable. Avec le commentaire cynique, le jeudi, dans la gazette « nous méritons notre victoire, a déclaré le président de Plounévézel-Chateaulin- Lanvéoc- et les autres …. ». D’autant que Châteaulin étant en difficulté à la mi-temps, nous nous devons de faire un résultat. Non, non, on ne pense pas monter, mais on a déjà aidé Châteaulin à monter en PH, en gagnant 3-0 à Châteauneuf, le prétendant à la montée, alors on a ses habitudes.

L’arbitre est une femme. C’est un signe. Après la saga des dindes, voila enfin du sérieux. En plus, je connais cette accorte personne. De vue. De loin. De mémoire. Elle nous a déjà arbitrés l’année dernière, contre Porzay-Cast et on avait gagné. Alors, bienvenue madame, vous êtes ici chez vous. Je peux vous prêter mon sent-bon et vous servir une tasse de camomille.

L’année dernière, elle s’était fendue d’un geste autoritaire, signifiant aux joueurs la pause-boisson ! Elle avait intimé l’ordre aux joueurs de se diriger rapidement mais calmement vers leurs bancs respectifs et d’y satisfaire un besoin naturel d’hydratation, qu’elle avait estimé pressant.

Vigilance,clairvoyance et prévenance. L’arbitrage au féminin.

Cette année, elle se fend du même geste autoritaire, signifiant cette fois la pause-pipi. Elle a intimé l’ordre aux joueurs de se diriger rapidement mais calmement vers l’endroit sommairement indiqué sur le mur, dans le sens préconisé par la flèche, et d’y satisfaire un besoin naturel d’élimination, qu’elle a estimé pressant.
Vigilance,clairvoyance et prévenance. L’arbitrage au féminin.

Certes, je crois discerner dans le regard de Greg une indiscutable lueur d’incompréhension profonde devant l’exigence inflexible de madame l’arbitre, dont l’émoi relève de l’inexplicable. Il faudrait un psychiatre pour nous expliquer son émoi profond, et même son moi profond. Je ne peux que saluer la clairvoyante sagesse de madame l’arbitre, et son aimable délicatesse concernant la santé de nos joueurs. La prévention mon bon monsieur. Ou peut être ai-je mal vu, l’association cataracte sénile-myopie héréditaire-presbytie de la sénescence est connue pour altérer sensiblement l’appréhension objective de la réalité. Faut que je passe voir chez Presbital 2000 Super Papy Corrector Senior : tu ne payes pas la première paire, la deuxième est gratuite, avec une ristourne de 50% sur la troisième paire, et un avoir sur la quatrième paire, sur présentation d'un extrait du casier judiciaire, dans la limite des stocks disponibles.... .

Qu’à cela ne tienne, Monsieur Etienne, (facile, mais toujours marrant), il est des attributions de l’arbitre de tout prévoir : maintenir l’ordre sur le terrain, veiller au bon déroulement du match, faire cesser les tensions entre adversaires, étouffer dans l’œuf le braiment des supporters locaux, réprouver les meuglements des coachs respectifs, éviter les affrontements verbaux, prévenir les débordements hystériques, interrompre les beuglements incongrus, enrayer la fureur véhémente, stopper les demandes équivoques, endiguer les chamailleries fougueuses, museler les emportements coléreux, bref amener un peu de féminité dans ce sport de Gars (oui, c’était les Gars de Plonévez contre les Gars du Ménez-Hom, d’où mon allusion brillante et symbolique), re-bref amener le match à son terme dans les délais impartis par, à la fois l’heure du coucher du soleil, et la dérisoire rétribution allouée par l’avaricieux District inféodé à la meute des trésoriers de club, plus attentionnés à l’épaisseur de leur portefeuille qu’à la juste indemnisation du corps arbitral. Ouf, ça c’est de la phrase.
Bref, le rôle de l’arbitre est redoutable. Le transmettre à une femme est une grande responsabilité. Sur ses graciles épaules repose toute la cérémonie footballistique dominicale. Certes tu connais Aliénor d’Aquitaine comme étant la seule femme ayant été à la fois reine de France et reine d’Angleterre, certes Marie Curie t’évoque la découverte du radium et du polonium, et Jeannie Longo a été 13 fois championne du monde de vélo, mais ce sont là des dames d’exception ! Des surfemmes (ben oui, on dit bien surhommes). Mais en cas d’erreur, il vient à l’esprit le destin tragique de Jeanne La Pucelle, brûlée en place publique coiffée de la mitre d’infamie. Ce n’est pas rien. Cela fait réfléchir. Etre arbitre comporte des risques.

Et puis, voila que le sponsor met un poil de pression en faisant survoler le terrain par l’hélicoptère jaune du SAMU. Ambulance, pompes funèbres et Samu, au moins ils voyagent accompagnés. Je me demande s’il n’y a pas un coup fourré de mon ami Scordia. L’homme en est capable.

Enfin une autre scène de la vie ordinaire. Il n’y a pas eu de but durant ce match. La scène merveilleusement saisie par votre serviteur, scène digne des plus grandes photographies animalières, n’est pas une de ces scènes de liesse couramment observées après un but. La scène de profonde allégresse qui suit le but est célébrée exclusivement par des joueurs de la même équipe, donc ayant la même couleur de maillot. Elle est dit monocolore. En l’occurrence ici, elle serait toute noire ou toute rouge. Même un coup d’œil rapide montre qu’ici, ce n’est pas le cas. Il s'agit d'une scène bicolore. Une concentration bicolore est un début d’embrouille, une amorce de baston, une ébauche de castagne, un commencement de pugilat, un départ de chamaillerie. Remarque, on ne risque pas de se tromper, vu le nombre de buts marqués. Même fêtés en même temps, il n’y pas de quoi en faire une cavalcade ou une kermesse.

Voila, encore un match nul, stérile, vierge de but. L’attaque est muette, et le Kop s’ennuie, et la Coreff est fade. Au moins, on n’a pas pris le but qui d’habitude nous fait perdre le match. La défense a tenu les 90 minutes.

Et pis on est rentré.

AN